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Brasserie de l'Espérance: des tractations entre Licorne et Heineken, l'avenir du site toujours incertain

La brasserie Licorne a manifesté son intérêt pour reprendre partiellement le site de l'Espérance. Les discussions ont toutefois tourné court, Heineken n'envisageant pas de céder Fischer, condition mise sur la table par Licorne. Les acteurs locaux réfléchissent toutefois à d'autres projets pour le site.

Licorne va-t-elle sauver la brasserie de l'Espérance? D'après plusieurs sources qui suivent de près le dossier de la fermeture de la brasserie de l'Espérance par Heineken, l'entreprise alsacienne s'est proposée pour reprendre partiellement en main le site schilikois, à une condition: garder la marque Fischer.

"Pas question de vendre Fischer", répond le géant hollandais par l'intérim de son cabinet de conseil Oneida qui n'exclut pas par contre une sous-traitance de sa production. Contacté par BFM Alsace, Heineken confirme que des discussions ont bien eu lieu, finalement stoppées d'un commun accord, la cession de Fischer n'étant pas envisageable: "Fischer est une marque importante de notre groupe, il n'est pas question de s'en séparer".

Le projet d'une micro-brasserie Fischer

C'est que Heineken a d'autres projet pour la marque. Dès l'annonce de la fermeture de son dernier site alsacien en novembre 2022, l'entreprise évoque la création d'une micro-brasserie chargée de produire de la Fischer. D'abord promise à Schiltigheim, cette brasserie miniature pourrait finalement voir le jour ailleurs dans le département selon des sources internes à l'entreprise. Le projet risquerait même tomber à l'eau.

Estimée d'abord à 10 millions d'euros, la mise sur pied de ce nouveau site devrait atteindre le double de cette somme, à cause de l'augmentation généralisée des prix. De quoi faire douter Heineken?

"De toute façon la proposition de Licorne-Karlsberg ne peut pas être un projet unique, ça viendrait forcément s'agglomérer à un projet global." commente un observateur local.

En effet, sur les 1,5 million d'hectolitres de bière brassés chaque année au sein de la dernière grande brasserie de Schiltigheim, la Fischer n'en représente que 87.000. Pas de quoi préserver les 220 emplois supprimés par la fermeture de l'usine.

D'après nos informations, un comité de pilotage regroupant les différentes collectivités locales et Heineken s'est tenu mercredi 11 octobre. Cette réunion, organisée à l'appel de la préfecture, vise à travailler sur l'avenir des 12 hectares de ce site industriel, implanté au cœur de la ville. Si tous les acteurs s'accordent officiellement sur le maintien d'une activité économique, rien n'est encore fixé, plusieurs projets sont en discussion.

Des tractations dès l'été

Les clins d'œil se sont faits nombreux cet été entre la cité de brasseurs et l'entreprise savernoise. Licorne était la seule brasserie sans lien historique avec Schiltigheim à être conviée à la fête de la bière de la commune. Danielle Dambach, maire de la ville, s'était également rendue aux festivités brassicoles de Saverne quelques semaines plus tard.

En apparence, de simples échanges de courtoisie entre deux acteurs de la bière en Alsace... sauf qu'en coulisses Licorne a gagné le cœur de l'édile en se positionnant pour la reprise partielle du site de la brasserie de l'Espérance, qui doit être abandonnée par Heineken à l'horizon 2026.

Officiellement, la période de reprise de l'activité de la brasserie s'est achevée en même temps que le plan social signé en avril 2023 par l'entreprise et les syndicats. Les 220 salariés de l'usine toucheront donc l'ensemble de l'accord financier conclu avec le groupe Heineken et seront licenciés dès le 1er janvier 2026.

Tout ça n'empêche pas une potentielle reprise du terrain et des outils industriels par un autre brasseur, à condition qu'Heineken accepte de les lui vendre.

Léo Fleurence