BFMTV
Gouvernement

Fraude, vaccins, immigration: Attal interpellé tous azimuts pour son cinquième déplacement en cinq jours

Le nouveau Premier ministre se livrait dimanche à un exercice de déambulation sur le marché de Caen, dans le Calvados. C'était le cinquième déplacement de Gabriel Attal depuis sa nomination à Matignon.

À chaque jour son déplacement pour Gabriel Attal. Après s'être rendu dans le Pas-de-Calais mardi, dans le Val-d'Oise mercredi, dans un collège des Yvelines vendredi et au CHU de Dijon samedi, le Premier ministre faisait étape dans le Calvados ce dimanche. Un déplacement censé porter sur le pouvoir d'achat avec une déambulation sur le marché de Caen et des échanges avec des habitants dans un café.

Mais le nouveau chef du gouvernement a été interpellé sur bien d'autres sujets et essuyé quelques critiques. "Moi je viens pas pour qu'on me dise tout va bien. Je viens pour aller au contact", a fait savoir Gabriel Attal en réponse à une passante qui jugeait "ignoble" le vote de la loi immigration le mois dernier. "C'est inhumain, on a besoin de ces gens-là", a-t-elle poursuivi.

"Je ne vous rejoins pas sur le constat", a rétorqué le Premier ministre, qui a assuré que la France "continuera à accueillir" des immigrés et a insisté sur la régularisation de 10.000 personnes. "Attendez de voir la décision du Conseil constitutionnel", a-t-il ajouté. Les Sages doivent rendre leur décision sur le texte le 25 janvier et pourraient censurer certaines dispositions de la loi, par exemple l'instauration de quotas migratoires ou le durcissement des conditions d'accès au regroupement familial.

"Il faut lutter contre toutes les fraudes"

Un autre homme a reproché à l'ex-ministre chargé des Comptes publics de vouloir lutter seulement contre les petites fraudes et non contre la fraude fiscale, qu'il jugeait bien plus importante. "Il faut lutter contre toutes les fraudes, sociales et fiscales", a rétorqué Gabriel Attal.

Le Premier ministre a également été amené sur des terrains inattendus. Une passante travaillant dans le milieu de la santé a ainsi déplorer ne pas avoir pu exercer pendant 18 mois car faisant partie du "personnel complotiste" refusant de se faire vacciner contre le Covid-19.

"Aujourd'hui, je vais reprendre, mais qu'est-ce que je peux attendre du gouvernement? Est-ce qu'ils ne vont pas nous foutre une autre pandémie sur le dos?", a-t-elle déclaré. La remarque a visiblement déstabilisé Gabriel Attal, qui a refusé net la théorie d'une "pandémie organisée".

Sur l'éducation, Attal "ne lâchera rien"

Le Premier ministre a coupé court à la discussion pour échanger avec un agriculteur, syndiqué à la FNSEA du Calvados. Il l'a alerté sur les effets d'une baisse des prix sur le niveau des revenus des paysans. "On ne peut avoir cet objectif de lutte contre l'inflation et de baisse des prix qui se transforme en difficulté supplémentaire pour nos agriculteurs et nos éleveurs", a reconnu Gabriel Attal. "C'est ça l'équilibre à trouver."

À plus long terme, le Premier ministre a insisté sur la nécessité du "renouvellement des générations dans l'agriculture", qui fera l'objet d'un des premiers projets de loi présentés par le gouvernement.

"Il faut qu'il y ait des jeunes qui puissent s'installer" si "on veut rester un pays souverain, garder une agriculture forte", a insisté le nouveau locataire de Matignon.

Gabriel Attal a aussi été ramené à ses quelques mois à la tête du ministère de l'Éducation nationale. À une femme qui affirmait regretter son départ, le Premier ministre a assuré qu'il continuerait "à agir beaucoup avec la ministre", Amélie Oudéa-Castéra. "Je suis déterminé, je ne lâcherai rien", a-t-il ajouté. Une façon de rassurer une autre passante présente à ce moment-là et se disant de gauche. "Vous êtes jeune, dynamique et pas trop bête", a-t-elle jugé. "Quand on voit le niveau des ministres maintenant, c'est catastrophique."

Vincent Gautier