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Police-Justice

Incendie dans une caserne de gendarmerie: une "action professionnelle" de "sabotage"

Les familles et les gendarmes ont été réveillés par les odeurs des flammes.

Les familles et les gendarmes ont été réveillés par les odeurs des flammes. - AFP

Quatre véhicules personnels et une moto des gendarmes de la caserne de Meylan, près de Grenoble, ont été détruits cette nuit dans un incendie. Si le sinistre n'a fait aucun blessé, l'affaire aurait pu être "absolument dramatique", estiment les enquêteurs.

Neuf familles réveillées au milieu de la nuit par les flammes. Un incendie a ravagé, dans la nuit de mercredi à jeudi, quatre voitures et une moto dans l'enceinte de la gendarmerie de la brigade de Meylan, en Isère. Ce sont des véhicules personnels, non siglés gendarmerie, qui ont été détruits alors qu'ils étaient stationnés sous les habitations où résident les militaires et leurs familles. Le bâtiment lui-même a été atteint par les flammes.

"C'est une affaire particulièrement inquiétante, a dévoilé Jean-Yves Coquillat, le procureur de la République de Grenoble. On s’en est pris directement aux militaires et aux familles."

Terrorisme?

Il était environ 3h35 quand le feu a démarré. "Un ou plusieurs individus", a détaillé le procureur, ont pénétré dans la caserne après avoir découpé un grillage qui sépare le bâtiment d'un bois qui longe l'autoroute. "Il s'agit d'un incendie volontaire", a poursuivi Jean-Yves Coquillat, affirmant que des produits inflammables avaient été "très probablement" utilisés par le ou les incendiaires. "Si les personnes n’avaient pas été réveillées, nous aurions pu avoir une affaire absolument dramatique", a exposé le magistrat.

Fin septembre, un incendie avait détruit des entrepôts techniques et des garages, abritant une cinquantaine de véhicules, dans la caserne de gendarmerie de Grenoble, à 6 kilomètres de Meylan. "Il y a une unité de lieu et de temps assez troublante, tout comme la découpe du grillage", concède Jean-Yves Coquillat avant de rappeler que cette nuit il n'y a pas seulement eu la volonté de s'en prendre à l'institution gendarmerie mais "aux gendarmes eux-mêmes et à leurs familles".

"La question de l’acte terroriste peut se poser", a jugé le procureur, parlant de la gravité de la profanation du domicile des forces de l'ordre. Pour le moment, le parquet antiterrorisme de Paris ne s'est pas saisi de l'enquête mais suit le dossier de près.

Cadenas sur un portail

Un élément trouble également les enquêteurs: l'installation d'un cadenas au portail électrique de la caserne. "L’action est une action assez professionnelle de personnes qui savent ce qu’elle font", assure le magistrat évoquant des "techniques de sabotage". Selon lui, ce cadenas pouvait avoir deux usages: soit ralentir l'arrivée des pompiers, soit empêcher l'évacuation des gendarmes et de leurs familles.

Si pour le moment, cet acte n'a pas été revendiqué, les enquêteurs n'excluent pas la piste d'un groupe d'anarcho-libertaires. Ces derniers avaient d'ailleurs revendiqué sur un site internet l'attaque de la caserne de Grenoble dans un article intitulé Beau comme un garage entier de gendarmerie qui part en fumée. Toutefois, la piste de la vengeance n'est pas écartée. "Les gendarmes font des enquêtes, interpellent des gens tous les jours et ne se font pas que des amis", conclut le procureur de Grenoble.

Justine Chevalier