Guadeloupe: un couvre-feu pour les mineurs décrété par Darmanin à Pointe-à-Pitre face à la délinquance

Quelques heures après son arrivée sur l'île, le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin a ordonné ce mercredi 17 avril l'instauration, pendant deux mois et dès 20h, d'un couvre-feu pour les moins de 18 ans à Pointe-à-Pitre.

Un "coupe-gorge" en "faillite totale". Ce sont par ces mots que le maire EELV de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, avait qualifié la ville de Guadeloupe le 24 mars dernier, menaçant de "remettre son tablier" et de démissionner.

Des violences urbaines essentiellement nocturnes secouent plusieurs communes de Guadeloupe. Ces derniers mois, la sous-préfecture de la Guadeloupe - 14.500 habitants en 2020 - a également largement nourri la chronique des faits divers. En mars, une commerçante y a été tuée lors d'un braquage. Puis des touristes en croisière ont été blessés à l'arme blanche par une femme atteinte de troubles psychiatriques.

Effectif en "début de semaine prochaine"

En conséquence, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé, lors de son arrivée mercredi soir sur l'île, l'instauration d'un couvre-feu pour les mineurs qui entrera en application "à partir du début de semaine prochaine" et sera effective à partir de 20h.

"Nous sommes très marqués par le fait que les mineurs sont extrêmement nombreux dans la délinquance malheureusement, en Guadeloupe en général et à Pointe-à-Pitre en particulier", a déclaré Gérald Darmanin. "On ne peut pas laisser circuler des enfants de 12, 13, 14 ans, avec des armes, circuler à 22 heures dans la rue, s'en prendre à des policiers, s'en prendre à des touristes, s'en prendre à des passants".

Le ministre de l'Intérieur a fait cette annonce après une réunion avec la ministre déléguée chargée des Outre-mer Marie Guévenoux, le Préfet et le maire de Point-à-Pitre. Il doit rester deux jours sur l'île.

"Un laboratoire de sécurité républicaine"

"Voilà quelque chose de concret", a-t-il réagi. "Avant c'était 12% de mineurs dans la commission des délits et maintenant c'est 38% des faits délictueux", a réagi le maire de la ville Harry Durimel, élu depuis 2020. "Si les enfants sont chez leurs parents la nuit, ils ne vont pas brûler 70 poubelles comme ils l'ont fait à Pointe-à-Pitre la semaine dernière", a-t-il estimé.

"J'ai le sentiment que le cri que j'ai poussé il y a quelques semaines a été entendu", a-t-il déclaré à l'AFP, évoquant la possibilité de "faire de Pointe-à-Pitre, un petit territoire de 2,6 km2, un laboratoire de sécurité républicaine".

Gérald Darmanin est allé à la rencontre "des policiers et des gendarmes qui mènent actuellement une opération 'Place nette' à Pointe-à-Pitre à ma demande", a-t-il également indiqué sur le réseau social X.

M.L.R avec AFP