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Disparition de Delphine Jubillar: les avocats de Cédric Jubillar portent plainte contre les juges d'instruction

Mes Jean-Baptiste Allary, Emmanuel Franck et Alexandre Martin, les avocats de Cédric Jubillar.

Mes Jean-Baptiste Allary, Emmanuel Franck et Alexandre Martin, les avocats de Cédric Jubillar. - Loic Bonaventure

Les avocats estiment que la présomption d'innocence de Cédric Jubillar a été bafouée par les deux juges d'instruction qui ont ordonné son renvoi devant une cour d'assises.

C'est un argument maintes fois soulevé par les avocats de Cédric Jubillar et qui leur vaut aujourd'hui de déposer plainte contre les deux juges d'instruction qui ont ordonné le renvoi de leur client devant les assises pour le meurtre de sa femme Delphine, le 16 décembre 2020. Ils estiment que les magistrates toulousaines ont bafoué la présomption d'innocence du plaquiste-peintre et annoncent une plainte pour "violation des règles de déontologie".

En début de semaine, les deux juges d'instruction qui instruisent depuis près de trois ans ce dossier de disparition et de meurtre ont rendu leur ordonnance de mise en accusation, ordonnant un procès contre Cédric Jubillar. Les avocats du mari avaient d'emblée annoncé leur intention de faire appel de cette ordonnance et s'étaient laissés 48 heures avant de prendre la parole et commenter le document de 61 pages reprenant les trois ans d'instruction et détaillant les éléments à charge.

"Scandale"

Les avocats Alexandre Martin, Emmanuelle Franck et Jean-Baptiste Alary ont réprimé un passage de ce document dans lequel les deux magistrates écrivent que "l'ensemble des éléments recueillis lors de l'information judiciaire démontre que Cédric Jubillar est l'auteur du meurtre de son épouse."

"C'est un scandale de ne pas respecter la présomption d'innocence, d'écrire noir sur blanc que Cédric Jubillar est le meurtrier alors qu'il n'a pas été jugé. (...) Cette horreur judiciaire doit sortir du dossier", martèle Me Emmanuelle Franck.

Depuis le début de l'affaire, et notamment depuis la mise en examen de Cédric Jubillar, le 18 juin 2021, ses avocats dénoncent un "dossier vide" et une enquête similaire à la "fabrication pure et simple d'un coupable". "C'est à une cour d'assises, s'il est jugé, de se prononcer sur la culpabilité de Cédric Jubillar, a encore fait valoir Me Franck.

La défense de Cédric Jubillar en veut également à Dominique Alzéari, procureur de la République de Toulouse, qui, selon elle, avait "présenté devant la France entière Cédric Jubillar comme le coupable du meurtre de son épouse". Outre la plainte contre les deux juges, une autre sera déposée devant le conseil de la magistrature contre le représentant du parquet.

Une instruction à charge, selon la défense

Outre ce front, les trois avocats se préparent à plaider devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse lors de leur appel de l'ordonnance de mise en accusation qui devrait être examiné dans les prochaines semaines. "C'est un dossier vide de preuve", martèle Me Alexandre Martin, autre conseil de Cédric Jubillar, dénonçant une "instruction à charge". Ils vont demander que la cour prononce la nullité de cette ordonnance.

Dans leur ordonnance, les juges ont déjà répondu à cet argument. Les "investigations minutieuses et exhaustives ont permis non seulement d'exclure l'ensemble des autres hypothèses, mais également de réunir de nombreux éléments constituant des charges suffisantes à l'encontre du mis en examen", ont précisé les magistrates.

Selon elles, le comportement avant et après la disparition de Delphine Jubillar, la dispute relatée par l'enfant du couple et par des voisins ayant entendu des cris, la paire de lunettes de l'infirmière retrouvée cassée mais aussi le contexte de séparation imminente sont autant d'éléments conduisant à penser que Cédric Jubillar est l'auteur du meurtre de sa femme.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier avec AFP Journaliste police-justice BFMTV