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"La Piscine", "La Belle Noiseuse": la carrière de Jane Birkin au cinéma en 5 films marquants

Jane Birkin, qui avait commencé sa carrière au cinéma dans les années 1960, est apparue dans environ 70 films durant sa carrière.

Rares sont les artistes à avoir mené de front et avec réussite tant de carrières à la fois. Jane Birkin, morte dimanche à l'âge de 76 ans, en faisait partie. Interprète de chansons qui sont restées dans la mémoire des Français, l'artiste franco-britannique s'est d'abord fait un nom dans le monde du cinéma.

Alternant films d'auteurs exigeants et oeuvres plus accessibles, Jane Birkin a tourné dans environ 70 films. BFMTV vous propose de revenir sur cette riche carrière à l'écran avec cinq de ses rôles les plus marquants.

"Blow-Up" (1966), de Michelangelo Antonioni

Blow-Up n'est pas la première apparition de Jane Birkin à l'écran. Elle a alors déjà fait quelques apparitions, souvent sans être créditée au générique. Mais c'est bien avec le film de Michelangelo Antonioni, Palme d'Or à Cannes en 1967, qu'elle marque pour la première fois les esprits avec un personnage dont on ignore jusqu'au prénom.

Devant le photographe, interprété par David Hemmings, et la caméra d'Antonioni, Jane Birkin se dénude entièrement… et défrise les Britanniques. "Blow-Up a fait un scandale, c'était la première fois que les filles étaient nues en fait", racontait l'actrice sur le plateau de Tout le monde en parle en 2001.

Si Jane Birkin a accepté ce petit rôle, c'est en partie à cause de son mari de l'époque, le compositeur John Barry. "Il était persuadé que je n’oserais jamais tourner nue pour [Antonioni] vu que j’éteignais la lumière pour faire l’amour. J’ai donc accepté la scène par défi", confiait-elle avec humour à Télérama.

"Slogan" (1969), de Pierre Grimblat

C'est une double histoire d'amour qui se joue dans Slogan. La première, visible à l'écran, voit Serge, un réalisateur de publicité, se prendre de passion pour une jeune Britannique, Evelyne. La deuxième se déroule en coulisses, entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin.

Les premiers jours sur le plateau ne présagent pourtant pas de l'idylle à venir. "Ce mec me traite comme de la merde", se plaint Jane Birkin à son frère Andrew, selon la biographie que Gilles Verlant a consacrée à Serge Gainsbourg. Sentant son film en péril, Pierre Grimblat invite Birkin et Gainsbourg à dîner un vendredi soir, avant de poser un lapin à ses deux acteurs.

Le plan du réalisateur fonctionne. Le week-end passé, Grimblat retrouve Jane Birkin et Serge Gainsbourg dans de bien meillleures dispositions l'un pour l'autre. Ils arrivent sur le plateau ensemble, main dans la main. Le couple enregistrera également une chanson en duo pour le film, La chanson de slogan.

Encore une histoire de couple, encore un personnage évoluant dans le milieu de la publicité. Dans La Piscine, Jane Birkin campe Pénélope, une jeune femme faisant plus que troubler Jean-Paul, alias Alain Delon, alors au sommet de son sex-appeal.

Beaucoup d'encre a coulé lors du tournage de La Piscine pour évoquer les retrouvailles du couple Romy Schneider-Alain Delon plusieurs années après leur séparation. Sur le plateau, Delon réserve son numéro de charme à Jane Birkin.

Au courant de ce petit manège ne s'effectuant pas dans la plus grande des discrétions, Serge Gainsbourg fulmine. Une colère sans réel fondement: sa compagne restera jusqu'au bout insensible aux avances d'Alain Delon.

"La moutarde me monte au nez" (1972), de Claude Zidi

Jane Birkin embrasse le cinéma populaire français dans les années 1970. La même année, elle tourne pour deux de ses grands artisans: Michel Audiard, dans Comment réussir quand on est con et pleurnichard, et Claude Zidi, dans La moutarde me monte au nez.

Dans le second, elle partage l'affiche avec l'un des acteurs comiques les plus emblématiques de l'époque: Pierre Richard. Jane Birkin y incarne une comédienne, Jackie Logan, tombant contre toute attente amoureuse d'un professeur de mathématiques, énième variation du personnage d'éternel maladroit qu'affectionne tant Pierre Richard.

La moutarde me monte au nez rencontrera un joli succès auprès du public, avec 3,7 millions d'entrées. Jane Birkin reformera le trio gagnant avec Claude Zidi et Pierre Richard un an plus tard dans La course à l'échalote, qui frôlera les 3 millions de spectateurs. "Jane, si drôle, si intelligente, si fragile si généreuse, si tout ! Un bout de mon cœur s'en va avec elle", a réagi Pierre Richard après l'annonce de la mort de Jane Birkin.

"La Belle Noiseuse" (1991), de Jacques Rivette

Tout au long de sa carrière, Jane Birkin a eu plusieurs reprises l'occasion de frayer avec les grands noms de la Nouvelle Vague, d'Agnès Varda, qui lui a consacré un portrait (Jane B. par Agnès V.), à Jean-Luc Godard (Soigne ta droite). En 1991, Birkin tourne cette fois avec Jacques Rivette pour La Belle Noiseuse, avec Michel Piccoli et Emmanuelle Béart.

Sur le tournage de ce film, librement inspiré du Chef d'oeuvre inconnu de Balzac, Birkin est d'abord déstabilisée par la méthode de Rivette: "Le matin, il débarquait sans scénario et écrivait des dialogues profonds juste avant la scène. Je découvrais à la dernière minute ce qui allait m’arriver. Comme dans la vraie vie, j’étais étonnée, je cherchais mes mots", racontait-elle à Télérama en 2019.

Son rôle de Marianne vaudra à Jane Birkin d'être nommée au César du meilleur second rôle féminin, sa troisième nomination après celles pour La Pirate, de Jacques Doillon, et La Femme de ma vie, de Régis Wargnier.

Vincent Gautier