BFMTV
International

Implosion, délai pour prévenir les secours: les zones d'ombre à éclaircir sur le sous-marin Titan

Les garde-côtes américains et l'organisateur de l'expédition ont annoncé jeudi la mort des passagers du submersible perdu depuis dimanche après l'"implosion catastrophique" de l'engin.

Un drame laissant de nombreuses questions en suspens. Les débris du sous-marin Titan, parti dimanche en mer au large de Terre-Neuve, au Canada, pour explorer l'épave du Titanic, ont été retrouvés jeudi par les secours, ne laissant plus d'espoir de retrouver vivants ses 5 passagers, dont le Français Paul-Henri Nargeolet. Au lendemain de l'aboutissement des recherches, de nombreuses zones d'ombre restent encore à éclaircir.

>> Toutes les dernières informations sur le sous-marin au lendemain de la découverte des débris sont à suivre en direct sur BFMTV.com

• Pourquoi le sous-marin a-t-il implosé?

Après quatre jours de recherches, les robots déployés découvrent jeudi en mer un "champ de débris" à 4000 mètres de profondeur. Des éléments "compatibles avec une implosion catastrophique" du sous-marin, indique le contre-amiral John Mauger des garde-côtes américains, lors d'un point de presse à Boston, sur la côte nord-est des États-Unis.

Selon les gardes-côtes, les restes du submersible ont été retrouvés à 1600 pieds (487 mètres) de l'épave du Titanic dans un "fond lisse", sans morceaux du célèbre bateau naufragé en 1912 présents à cet endroit.

Ces éléments laissent supposer que l'engin a subi un "évènement de force majeure", compatible avec une possible implosion, affirment les garde-côtes américains. Le drame pourrait avoir eu lieu pendant la descente du submersible dans la colonne d'eau, alors que la capacité du vaisseau à résister à la pression sous-marine est mise en doute par certains experts.

Concernant les raisons exactes de l'implosion, le professeur d'ingénierie à l'Imperial College de Londres Roderick Smith évoque, auprès de l'AFP, un potentiel défaut dans la coque. L'hypothèse devra être confirmée par des recherches complémentaires.

• Non-homologué, comment le sous-marin a-t-il pu aller en mer?

Depuis la disparition du submersible, la société américaine OceanGate, qui commercialisait le sous-marin, est pointée du doigt. En effet, le navire n'avait pas reçu d'homologation officielle, selon plusieurs experts, une façon pour le propriétaire de gagner du temps et de l'argent. Au point que l'engin semblait tout droit sorti d'un "magasin de bricolage", affirme sur BFMTV Chris Brown, aventurier et ami d'un des passagers.

Parmi les points d'interrogation, les matériaux utilisés pour sa fabrication, la fibre de carbone et le titane, inhabituels pour les grandes profondeurs, mais aussi le diamètre important du hublot, près de 60 cm.

"Je n'ai jamais vu ça sur les engins habituels. À ces profondeurs-là, on a des hublots qui font 35 cm de diamètre", assure à BFMTV Michel L'Hour, archéologue et ami de Paul-Henri Nargeolet.

Autre révélation inquiétante faite ces derniers jours: un ancien dirigeant de la compagnie, David Lochridge, avait porté plainte au civil en 2018 aux États-Unis, après son licenciement. Il affirmait avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté de Titan.

• Pourquoi de telles recherches alors que la marine américaine avait connaissance d'une possible implosion dès dimanche?

Si la découverte de débris jeudi a permis de voir se dessiner le scénario du drame, des médias américains affirment que la marine américaine avait détecté dès dimanche un signal indiquant la probable implosion du submersible.

Selon une source anonyme au sein de l'US Navy, un instrument "top secret" a enregistré un signal acoustique suspecté de correspondre à l'implosion du Titan quelques heures après la disparition du submersible, rapportent CNN et le Wall Street Journal.

Cette information a été immédiatement transmise aux responsables orchestrant les secours et a permis de circonscrire la zone des fouilles. Malgré cet élément, un dispositif très important a été déployé, mobilisant des équipes américaines, canadiennes et françaises, l'information étant maintenue secrète au grand public.

• Pourquoi un délai de 8 heures pour prévenir les gardes-côtes de la disparition du Titan?

Les secours ont-ils tardé à intervenir? C'est ce que pense au moins une proche de l'un des passagers. La cousine du milliardaire britannique Hamish Harding disparu à bord du Titan accuse jeudi dans The Telegraph l'entreprise américaine OceanGate, propriétaire du submersible, d'avoir mis trop de temps à donner l'alerte.

"(Ça) leur a pris tellement longtemps de joindre les secours", dénonce Kathleen Cosnett, cousine du Britannique, évoquant un délai de 8 heures. "C'est bien trop long", déplore-t-elle.

Le sous-marin a perdu contact avec le Polar Prince, navire à bord il était parti en mer, dimanche matin aux alentours de 9h45, heure locale, mais les gardes-côtes américains n'ont été informés qu'à 17h40, heure locale.

Les robots dépêchés sur place vont rester sur la zone pendant les prochains jours afin de collecter un maximum de débris et essayer de comprendre exactement ce qu'il s'est passé.

Juliette Desmonceaux