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Jour-J pour le dépôt des offres de reprise de Casino, en urgence financière absolue

Les repreneurs potentiels du groupe Casino ont jusqu'à ce lundi midi pour déposer formellement leurs offres. Deux sont pour l'instant sur la table, alors que l'entreprise s'effondre en Bourse.

Les candidats à la reprise de Casino n'ont plus que quelques heures pour remettre leurs offres. La date butoir a été fixée à ce lundi 3 juillet par le conciliateur. Le dossier a agité le milieu des affaires ces derniers mois, avec de nombreux rebondissements.

Pour l'instant deux offres sont sur la table: celle du trio Zouari-Niel-Pigasse et celle de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky. Chacun devra investir au moins un milliard d'euros pour renflouer Casino, et sûrement plus tellement la situation financière du groupe se dégrade de mois en mois.

Casino privilégierait l'offre du trio Zouari-Niel-Pigasse

En interne, le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, est plutôt favorable à l'offre du trio Zouari-Niel-Pigasse. Les trois hommes sont prêts à mettre 300 millions d'euros sur la table et s'appuient sur des créanciers pour le reste. Ils jouent la carte du projet qui va sauver l'entreprise et éviter son démantèlement.

De fait, Moez-Alexandre Zouari est aussi le premier franchisé du groupe de distribution. Il gère aujourd'hui 200 magasins Casino, Franprix et Monoprix. Il est aussi le patron du groupe Teract, et même si sa maison-mère InVivo (Gamm Vert, Jardiland…) a jeté l'éponge dans le dossier Casino, elle n'a pas exclu que le trio s'appuie sur son reseau de coopératives pour déployer son plan industriel.

Par ailleurs, Moez-Alexandre Zouari et Jean-Charles Naouri se connaissent bien. Et il se dit que l'actuel PDG a négocié un poste de transition, pendant 2 ou 3 ans, à la présidence du groupe sûrement. Mais plus de responsabilités opérationnelles pour lui.

Daniel Kretinsky sort le chéquier

Dans le camp d'en face, Daniel Kretinsky, déjà actionnaire de Casino, et son allié Marc Ladreit de Lacharrière, qui était pourtant jusqu'ici le partenaire de Naouri, investiraient 900 millions d'euros ensemble, dans le cadre d'une augmentation de capital.

Auchan leur a proposé un rapprochement, qui n'a pas abouti. Les autres distributeurs français, aussi, tournent en effet autour de Casino. Auchan, donc, mais aussi Intermarché, qui a déjà négocié le rachat d'au moins 180 de ses magasins, ou encore Carrefour.

Dans le camp de l'homme d'affaires tchèque, on a bien compris que Casino ne veut pas de l'offre de Daniel Kretinsky, qui est en guerre contre Naouri depuis plusieurs années. L'homme d'affaires tchèque n'a pas prévu de lui laisser de place dans le dispositif, pour le moment. Et il devrait revendre l'essentiel du groupe. C'est en tout cas ce que l'on entend et craint chez Casino, qu'il revende les enseignes françaises de Casino aux rivaux Auchan et Carrefour.

Une situation financière catastrophique

Cette bataille se déroule alors que la situation financière de Casino se dégrade chaque semaine. Le cours de Bourse a dévissé de 20% vendredi, après avoir déjà dégringolé de 32% jeudi. Tous les investisseurs lâchent Casino. On savait déjà que les créanciers ne récupèreraient quasiment rien de leurs créances. Pour le moment seulement 2,5 milliards sur 7,5 milliards d'euros seront sauvés.

Désormais, les actionnaires savent qu'ils perdront une très large partie de leurs fonds et donc le cours s'ajuste. Une étude d'Oddo estime que l'action Casino vaut 1 euro… alors que le cours est à 4 euros. La plupart des financiers qui planchent sur le dossier jugent que l'entreprise ne vaut plus rien. C'est, d'un point de vue financier, une forme de redressement judiciaire auquel on assiste, où le repreneur repartira de zéro avec un Casino apuré de quasiment toutes ses dettes.

Il ne faut pas oublier que Casino brûle de plus en plus de cash. Le groupe a dévoilé qu'il avait un milliard d'euros de dettes en plus pour alimenter sa trésorerie. Et la situation commerciale se dégrade encore. Les ventes de ses hypermarchés ont encore chuté de 15% en mai contre 10% au premier trimestre.

Par C.L. avec M.P. et P.T.