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TOUT COMPRENDRE - Starship, la fusée de SpaceX qui veut révolutionner le vol spatial

La plus grande fusée jamais construite devrait décoller ce samedi 18 novembre pour son deuxième vol d'essai. Réutilisable, elle est suivie de très près par la Nasa, qui compte sur ce vaisseau pour ses missions Artémis de retour sur la Lune.

Le régulateur américain de l'aviation (FAA) a donné son feu vert. Résultat: SpaceX va lancer sa colossale fusée Starship pour son deuxième vol d'essai. En avril dernier, le mastodonte avait quitté la terme ferme pour la première fois. Mais ce premier lancement s'était soldé par un échec: l'engin ayant explosé dans une spectaculaire déflagration après quelques minutes de vol.

Un "raté" que l'entreprise d'Elon Musk tentera de faire oublier avec ce nouveau lancement pour lequel SpaceX n'attendait plus que l'autorisation de la FAA. Dans un communiqué publié le mercredi 15 novembre, le régulateur a indiqué que l'entreprise avait désormais "rempli tous les critères requis", notamment en matière de sécurité, d'environnement, et de responsabilité financière, après l'échec du premier lancement de sa fusée nouvelle génération.

• Quand doit avoir lieu le nouvel essai?

Pour cet évènement, SpaceX visait initialement la journée du vendredi 17 novembre, comme elle l'a indiqué sur son compte X (anciennement Twitter), dans la foulée de l'annonce de la FAA. Mais Elon Musk a depuis indiqué sur le réseau social que le vol sera reporté à samedi en raison d'une pièce à remplacer sur la fusée.

Le plan de vol sera le même qu'en avril: le vaisseau doit tenter de faire un tour "presque complet de la Terre et plonger dans l'eau quelque part dans le Pacifique, juste au large des côtes d'Hawaï", a décrit le milliardaire. Il n'atteindra ainsi techniquement pas l'orbite terrestre, mais sera "juste en-dessous".

• Pourquoi ce vaisseau est tant attendu?

Plus puissante qu'aucune autre fusée dans le monde, Starship est suivie de très près par la Nasa, qui compte sur ce vaisseau conçu pour l'exploration lointaine habitée pour ses missions Artémis de retour sur la Lune. Une version modifiée de l'engin doit en effet servir d'alunisseur pour déposer les astronautes sur la surface lunaire.

Starship est une fusée géante de 120 mètres de haut, composée de deux étages: l'étage de propulsion Super Heavy et ses 33 moteurs, et au-dessus le vaisseau Starship, qui donne par extension son nom à la fusée entière. Sa véritable innovation est qu'elle doit être entièrement réutilisable, les deux étages étant conçus pour revenir se poser sur leur pas de tir - réduisant ainsi les coûts.

• Comment SpaceX a revu sa copie?

Lors de la première tentative de vol depuis la base de Boca Chica, outre la panne de trois des trente-trois moteurs qui n'avait pas empêché son lancement, les deux étages de Starship ne s'étaient pas séparés en vol comme prévu quelques minutes après le décollage. C'était cet incident qui avait forcé les équipes de SpaceX a ordonné à la fusée de s'autodétruire, comme le résumait le compte Techniques spatiales dans un thread sur X (anciennement Twitter) après avoir participé à un chat avec Elon Musk sur le réseau social.

L'étape de la séparation des deux étages de la fusée sera donc particulièrement scrutée lors de ce prochain essai. Mais sur ce point, l'entreprise texane semble avoir changé d'approche. Dans une conversation audio enregistrée le 24 juin dernier - et repérée par le site Sciencepost - entre le journaliste de Bloomberg Ashlee Vance sur X (anciennement Twitter) et Elon Musk, ce dernier avait évoqué un changement de processus de séparation des deux étages.

Au lieu de n'allumer le moteur du deuxième étage qu'au moment de la scission des deux parties, SpaceX devrait opter pour la même technique que les lanceurs russes. Elle consiste à allumer les moteurs de la partie restante de la fusée avant que ne se décroche la partie la plus puissante.

• Pourquoi Starship est dans le viseur des ONG environnementales?

Outre les passionnés de technologie et d'espace, ce nouvel essai sera également examiné par les associations de protection environnementales. Si le milliardaire à la tête de SpaceX avait assuré que le premier lancement de la fusée Starship s'était déroulé "à peu près" comme il s'y attendait, plusieurs ONG avaient dénoncé son impact environnemental.

L'échec du premier test de vol avait entraîné l'ouverture d'une enquête environnementale et de sécurité par la FAA. Dans le même temps, plusieurs ONG de protection de l'environnement avaient annoncé leur intention de poursuivre SpaceX.

"Le site de lancement se trouve à côté d’un habitat privilégié pour des espèces protégées et des oiseaux migrateurs, comme la tortue de Kemp et le pluvier siffleur", indiquait le Centre pour la diversité biologique le 1er mai dernier dans un communiqué.

"La première fusée lancée depuis le site dans le cadre du programme a explosé le 20 avril, inondant les environs de particules", soulignait l'organisation.

Malgré le récent feu vert de la FAA, les associations écologistes anticipent de nouveaux dégâts. "Nous craignons que ce deuxième lancement crée une fois de plus des dommages environnementaux importants", a déclaré cette semaine à l’AFP Jared Margolis, avocat pour l’ONG.

Nina Le Clerre avec AFP