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Vivendi met en vente Universal Music

Le groupe de Yannick Bolloré a annoncé qu'il allait céder jusqu'à 50% du capital d'Universal Music. Vivendi est par ailleurs en négociations exclusives pour l'acquisition d'Editis.

Vivendi a annoncé ce lundi, en marge de la présentation de ses résultats semestriels, avoir "décidé de céder jusqu’à 50 % du capital d’Universal Music à un ou plusieurs partenaires stratégiques. Cette opération devrait être lancée cet automne et pourrait s’étaler sur 18 mois". Le groupe dirigé par Yannick Bolloré ajoute avoir écarté une introduction en Bourse "à cause de sa complexité".

Le 19 avril 2018, le président du directoire Arnaud de Puyfontaine avait déclaré lors de l’assemblée générale de Vivendi: "Nous avons lancé un travail permettant de présenter au conseil de surveillance les bénéfices d'une éventuelle cotation de Universal Music".

Une telle cession permettrait bien sûr de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Car le trésor de guerre issu des cessions a bien été dilapidé, dans des acquisitions (Telecom italia) ou du rachat d'actions. Vivendi, qui disposait d'une trésorerie nette de 6,4 milliards d'euros fin 2015, supporte aujourd'hui une dette nette de 1,4 milliard d'euros. D'ailleurs, Vivendi a expliqué lundi que "le cash issu de cette cession pourrait être utilisé pour un programme de rachat d’actions conséquent".

"30, 35 ou 40 milliards"

Un des objectifs d‘une vente ou une mise en bourse d’Universal Music est de lui donner une valeur, qui devrait être supérieure à sa valeur implicite actuelle au sein de Vivendi. Aujourd’hui, l’ensemble de Vivendi (Canal Plus, Universal Music, participation dans Telecom Italia…) vaut en bourse moins de 30 milliards d’euros, soit moins que la seule valeur attribuée à Universal Music.

Le 18 février 2018, le président du directoire Arnaud de Puyfontaine déclarait au Figaro que la major du disque pourrait être valorisée "30, 35 ou même 40 milliards".

Le 25 avril 2017, Vincent Bolloré avait déclaré à l'occasion de l'assemblée générale de Vivendi que sa filiale avait été valorisée 20 milliards d'euros par "certaines banques d’affaires dans le cadre d’appels d’offres d'introduction en Bourse". "Personne n'est capable de dire combien ça vaut si vous ne le mettez pas en Bourse", avait-il ajouté.

Il avait précisé avoir déjà reçu deux offres de rachat: l'une de 6,5 milliards d'euros en 2013, puis une offre indicative de 13,5 milliards d'euros en 2015. Il n'avait pas donné le nom des acquéreurs, mais la presse avait évoqué un intérêt du japonais Softbank en 2013, puis de l'américain Liberty Media de John Malone en 2015.

Vente pure et simple?

Mais, pour certains analystes financiers, le but ultime de Vivendi est une vente totale de Universal Music. Les analystes de Mainfirst écrivaient ainsi il y a deux ans:

"Une vente est l’option la plus logique pour Bolloré, étant donné l’absence de synergies avec Canal Plus, et le prix élevé pouvant être retiré, vu le nombre d’acquéreurs potentiels: Liberty Media, Apple, Google, des fonds d’investissement… Les perspectives favorables du streaming, combiné à son leadership mondial, font d’Universal Music une cible attractive. Toutefois, cette vente pourrait prendre plus de temps que prévu, car Vincent Bolloré a récemment déclaré dans les Echos que la valeur d’Universal Music devrait atteindre 30 milliards d’euros dans quelques années. Dès lors, si Bolloré refuse de vendre en dessous de 30 milliards d’euros, une vente est improbable avant un certain temps".

Selon Mainfirst, pour Bolloré, Canal Plus est plus stratégique qu’Universal Music. En outre, une vente d’Universal Music réduirait la décote de holding dont souffre en bourse l’action Vivendi.

Pour mémoire, Arnaud de Puyfontaine avait affirmé en 2015 qu’il faudrait lui "passer sur le corps" avant de vendre Universal Music.

Numéro 1 mondial

Première maison de disque mondiale, Universal Music compte parmi ses artistes les Rolling Stones, U2, Andrea Bocelli, Lady Gaga et Helene Fischer, mais aussi Taylor Swift, Kendrick Lamar, Drake et The Weeknd, ou encore Louane et Calogero.

Il détient aussi un riche catalogue comprenant Abba, Louis Armstrong, Charles Aznavour, Daniel Balavoine, les Beatles, les Beach Boys, les Bee Gees, Andrea Bocelli, Neil Diamond, Guns N’Roses, Elton John, Bob Marley, Nirvana, Queen, The Rolling Stones, André Rieu, Frank Sinatra et Amy Winehouse.

En 2017, Universal Music a réalisé un bénéfice opérationnel courant (Ebita) de 798 millions d’euros (+16%) sur un chiffre d’affaires de 5,7 milliards d’euros (+8%)

rachat surprise

Vivendi a aussi annoncé le rachat surprise d’Editis auprès de l’espagnol Planeta pour 900 millions d’euros. En 2017, Editis, deuxième éditeur de livres français, a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 750 millions d’euros et un bénéfice opérationnel (EBIT) d’environ 60 millions d’euros.

C’est une sorte de retour aux sources pour Editis, qui appartenait à Vivendi jusqu’en 2003. Editis avait alors été racheté pour 660 millions d’euros par Wendel, qui lui-même l’avait revendu en 2008 à Planeta pour un milliard d’euros.

Jamal Henni avec P.L