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Une ancienne ingénieure de Google prône l’interdiction des robots tueurs

Le premier robot policier, dévoilé à Dubaï (et dépourvu d'arme).

Le premier robot policier, dévoilé à Dubaï (et dépourvu d'arme). - Giuseppe Cacace/ AFP

Une ex-employée irlandaise de Google indique s'engager dans une campagne d'interdiction des armes autonomes, après avoir elle-même contribué à développer de telles armes au sein de l'entreprise américaine.

Le sujet fait désormais figure de serpent de mer sans avoir pour autant perdu en intensité. Débattue depuis près de six ans, l'interdiction des robots tueurs, ces engins de guerre qui peuvent prendre la décision de tirer sur une cible de manière autonome, est désormais portée par une autre connaisseuse du sujet: Laura Nolan, une ex-ingénieure de Google, ayant participé au controversé projet Maven avant de quitter l'entreprise en avril 2018.

Ce programme de recherche en intelligence artificielle, lancé en 2017 par Google, visait à développer la reconnaissance vidéo des drones et leur autonomie à des fins de frappes militaires, le tout pour le compte du Pentagone. Dans les colonnes du Guardian, en véritable repentie de la tech, Laura Nolan indique désormais s'inquiéter des dangers des engins militaires contrôlés par intelligence artificielle. Elle œuvre désormais à leur interdiction pure et simple, dans le cadre de la campagne mondiale "Stop Killer robots".

Une escalade de la violence

Laura Nolan évoque, parmi les risques comportés par les "robots tueurs", celui d'ouvrir le feu "sur un groupe d’hommes armés qui semblent être des insurgés mais sont en réalité en quête de nourriture avec un fusil". Une confusion lourde de conséquences qui pourrait selon elle aboutir à une escalade de la violence entre détenteurs de telles armes.

"Si on ne fait pas attention, [...] ces robots tueurs pourraient déclencher une guerre et être à l'origine d’immenses atrocités", explique l'ingénieure au quotidien britannique. Elle estime que ces engins militaires devraient faire l’objet des mêmes régulations internationales que les armes chimiques, interdites dans de nombreux pays depuis 1997, et incite le gouvernement irlandais à prendre position pour bannir ces machines.

La question de l'interdiction des armes autonomes est débattue depuis plusieurs années déjà au niveau international. Mais les discussions s'enlisent et peinent à aboutir à une décision tranchée. L'an passé, une énième réunion d'experts gouvernementaux de l'ONU, organisée à Genève, s'était montrée peu fructueuse. Seuls 26 Etats, dont la France ne faisait pas partie, se positionnaient à l'époque à l'encontre du développement de ces armes.

"La situation semble depuis verrouillée", résume Tony Fortin, chargé d'études à l'Observatoire des armements (Obsarm). "Les grandes puissances bloquent toute avancée vers un traité. Et comme l’an dernier, la France entraîne l’Allemagne dans son camp. Les deux pays ont tout intérêt à tirer profit de la robotisation d'outils de puissance, et à rattraper leur retard par rapport à certains pays, dont la Chine".

Si les Etats peinent à renoncer définitivement au développement d'armes autonomes, certaines entreprises ont dû s'y résoudre. En janvier, Thales a fait part de son engagement de ne pas produire de "robots tueurs". Après une pétition en interne, rendue publique en avril 2018, Google a annoncé le non renouvellement de son contrat avec le Pentagone. Le groupe se réserve néanmoins le droit de travailler avec l'armée "dans d'autres secteurs" que celui des projets d'intelligence artificielle à fins militaires.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech