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Vie numérique

Un Pakistanais risque 20 ans de prison pour avoir "désimlocké" des millions de téléphones

L'iPhone XR

L'iPhone XR - Apple

Muhammad Fahd a agi entre 2012 et 2017 aux Etats-Unis, période pendant laquelle les règles de désimlockage des téléphones étaient encore confuses. Il a été arrêté en 2018 à Hong Kong et vient d'être extradé.

Il pourrait être considéré comme un justicier de la Tech. Mais Muhammad Fahd n’a pas pris l’argent des riches pour le redistribuer aux pauvres, il a libéré des millions de téléphones de l’emprise de leur opérateur, raconte le média américain spécialisé Gizmodo. Ce qui n’a pas plu aux entreprises concernées. Poursuivi par la justice américaine, ce Pakistanais de 34 ans a été arrêté à Hong-Kong en 2018 et extradé vers les Etats-Unis il y a quelques jours pour être jugé.

Le bureau du procureur du district ouest de Washington affirme que Muhammad Fahd s’était construit un véritable réseau de déblocage de téléphones avec plusieurs employés d’AT&T, le principal opérateur des Etats-Unis, rémunérés pour leur collaboration. L’un d’entre eux aurait reçu plus de 400.000 dollars.

L'IMEI, la clé du "désimlockage" 

Comme en France, quand un consommateur achète un smartphone avec son forfait, il arrive que celui-ci soit "simlocké". C’est-à-dire qu’il ne peut être utilisé qu’avec une SIM de l’opérateur en question. Pour le libérer de ses entraves, il faut se munir du code IMEI, littéralement l’"identité internationale d'équipement mobile". Il est inscrit sous la batterie, la facture d’achat du téléphone et même sur sa boîte. Sinon, il suffit de taper *#06# sur le clavier de son appareil pour le voir apparaître.

Au départ, Muhammad Fahd fournissait l’IMEI d’un client potentiel à un employé d’AT&T qui déverrouillait alors l’appareil. Mais plusieurs de ses comparses ont perdu leur emploi. Le chef de bande a alors installé des logiciels malveillants dans le réseau de l’entreprise AT&T pour libérer les téléphones à distance sans avoir à recourir à des complices.

L’équipe de malfaiteurs a agi entre 2012 et 2017, période pendant laquelle les règles de désimlockage des téléphones étaient troubles aux Etats-Unis. Quand bien même le contrat d’engagement de deux ans (la norme à l’époque) était terminé, rien n’obligeait l’opérateur à déverrouiller l’appareil. Certains téléphones étaient donc condamnés à rester pieds et poings liés à leur opérateur.

En 2014, le Président Obama fait évoluer le statu quo: la loi Unlocking Consumer Choice and Wireless Competition Act oblige les opérateurs à se conformer à la demande du propriétaire de l'appareil de le déverrouiller afin de changer d’opérateur, à condition que l'appareil ait été payé. Muhammad Fahd aurait permis de désimlocker des millions de téléphone. Il risque jusqu’à 20 ans de prison.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech