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Référendum contre la privatisation d'ADP: de multiples bugs dans la collecte des signatures

Début mars, des Gilets jaunes protestent à Roissy contre la privatisation des aéroports de Paris.

Début mars, des Gilets jaunes protestent à Roissy contre la privatisation des aéroports de Paris. - Lucas BARIOULET / AFP

Un site officiel destiné à la collecte de signatures contre la privatisation du groupe Aéroports de Paris a été mis en ligne dans la matinée. Les couacs sont pourtant déjà nombreux.

Impossibilité de valider le formulaire, manque de compatibilité avec les listes électorales, indisponibilité du service de vérification... Le site lancé ce 13 juin par le Ministère de l'Intérieur pour organiser le référendum d'initiative partagée (RIP) sur la privatisation du groupe Aéroports de Paris connaît des débuts difficiles. Or, plus de 4,7 millions de signatures de citoyens Français, soit 10% du corps électoral, sont nécessaires pour prendre en compte leur opposition.

Une ergonomie capricieuse

Parmi les critiques les plus formulées à l'encontre du site, son manque d'ergonomie. L'affichage de texte en petits caractères, de "captchas" - suites de chiffres et de lettres - difficilement discernables, la nécessité de saisir tous les prénoms de l'Etat civil, ou encore l'utilisation des codes Insee des villes (à la place de leurs codes postaux) sont autant de choix décriés par les internautes.

Certains y voient un obstacle à la participation de citoyens peu à l'aise avec les outils numériques. "J'ai été de ceux qui ont pensé il y a quelques années tout le dispositif des premières primaires en France [celles du PS en 2011, ndlr]. Je sais quand une interface ou un dispositif est pensé pour faire participer massivement le public. Ou pas", souligne ainsi l'entrepreneur Valerio Motta sur Twitter, après avoir pointé du doigt une ergonomie vraisemblablement "conçue pour compliquer la signature et rendre plus difficile le processus". 

"Nous ne sommes pas parvenus à vous retrouver"

Comme de nombreux signataires, Daniel Schneidermann, rédacteur en chef du média Arrêt sur Images, signale sur son site ne pas avoir été retrouvé parmi les noms de sa liste électorale, rendant impossible l'enregistrement de son soutien à l'initiative référendaire. Il dénonce également le défaut d'assistance pour répondre à ses questions: aucune aide (en ligne ou par téléphone) n'est accessible depuis la plateforme.

D'autres critiques portent sur le fait que le nom des signataires apparaisse publiquement. "A l'issue d'un délai de deux mois à compter de la publication au Journal officiel de la décision du Conseil constitutionnel déclarant si la proposition de loi a obtenu le soutien d'au moins un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales, les données collectées dans le cadre des opérations de recueil des soutiens sont détruites", précise néanmoins le site. 

A cela s'ajoutent des incompatibilités avec certains navigateurs Web, dont Safari (Apple), ou encore l'accueil de certains internautes sur le site par la peu engageante mention "Not Found" ("Page non trouvée"). L'erreur est attribuée à un volume trop important de connexion simultanées. Le Parisien rappelle que le site a été conçu en 2014, sans pour autant avoir été utilisé jusqu'à présent. D'où son interface désuète et les nombreux heurts auxquels se sont confrontés les internautes. Contacté par le quotidien, le ministère de l’Intérieur indique également qu’un des serveurs était "mal paramétré" et que le trafic était soutenu dès l'ouverture du site. 

Une reprise par l'opposition

Ces difficultés ont été signalées par bon nombre de membres de l'opposition dont Julien Aubert, député Les Républicains de la 5e circonscription du Vaucluse, ou encore Alexis Corbière, député La France insoumise de la Seine-Saint-Denis. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon se contente de souligner les "quelques minutes" et multiples essais nécessaires à la prise en compte de son soutien. 

Le vote en ligne n'est pas le seul moyen de manifester son opposition à la privatisation du groupe Aéroports de Paris. "Un processus physique, c'est-à-dire de dépôt directement dans les chefs-lieux de canton, permettra également le recueil physique des soutiens à ce référendum", a précisé Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur doit présenter jeudi le dispositif de recueil des signatures conjointement avec le Conseil constitutionnel. Les parlementaires à l'initiative du RIP seront ensuite reçus par Christophe Castaner dans l'après-midi.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech