Reconnaissance faciale: Microsoft pointé du doigt pour ses liens avec une université militaire chinoise
Quel meilleur pays que la Chine pour faire avancer les technologies de reconnaissance faciale? Microsoft s'en est remis à des universitaires chinois pour plusieurs papiers de recherche liés à cette technologie, dévoile le Financial Times. Le pays est pourtant connu pour être un véritable laboratoire d'expérimentation grandeur nature de ces outils, bien souvent à des fins de surveillance.
Le quotidien américain s'appuie sur trois articles de recherche publiés entre mars et novembre dernier. Tous ont été coécrits par des universitaires appartenant à Microsoft Research Asia, une branche de recherche fondamentale créée en 1998 à Pékin, et des chercheurs affiliés à une université contrôlée par la Commission militaire centrale, la plus haute instance militaire chinoise.
L'un des articles en question décrit avec précision une nouvelle intelligence artificielle chargée d'analyser des expressions faciales. Les experts sollicités par le Financial Times estiment qu'elle trouverait toute sa place dans des situations de surveillance ou de censure.
Un laboratoire à ciel ouvert
Aux inquiétudes soulevées par le Financial Times, Microsoft répond que ses chercheurs "mènent des recherches fondamentales avec des universitaires et des experts du monde entier", en ajoutant que "dans chaque cas, la recherche est guidée par (leurs) principes" et se conforme aux lois américaines et locales.
Sam Sacks, chercheur au sein du groupe de réflexion New America, rappelle néanmoins que "le gouvernement [chinois, ndlr] utilise ce type de technologies pour mettre en place des systèmes de surveillance et pour détenir les minorités [au Xinjiang, ndlr]". Un système de reconnaissance faciale pointu a en effet été déployé dans cette province de l'ouest de la Chine pour mieux surveiller les séparatistes ouïghours. Microsoft n'est néanmoins pas directement impliqué dans la mise en place de cette technologie.