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Reconnaissance faciale: les zones d'ombre de l'expérimentation menée à Nice

Le carnaval de Nice a fait office de lieu d'expérimentation d'une technologie de reconnaissance faciale.

Le carnaval de Nice a fait office de lieu d'expérimentation d'une technologie de reconnaissance faciale. - AFP

Le carnaval de Nice a fait office de lieu d'expérimentation d'une technologie de reconnaissance faciale. La CNIL regrette un défaut de précision du rapport transmis par la mairie.

Lors de sa 135e édition, au mois de février, le carnaval de Nice a eu droit à une innovation pour le moins particulière: une trentaine de personnes de la foule rassemblée pour l'occasion se sont prêtées à une expérimentation de reconnaissance faciale. Les caméras de vidéoprotection présentes aux abords des festivités, et associées à un logiciel de la société israélienne AnyVision, étaient amenées à reconnaître les participants sur la base d'images fournies au préalable. 

Deux cas d'expérimentation ont été recensés. Le premier consistait à détecter la présence de volontaires dans les files d'attente du carnaval. Le rapport rédigé par la mairie de Nice, et récupéré par Le Monde, salue la réussite d'une telle expérience. Il souligne la capacité du logiciel de reconnaissance faciale à identifier des personnes avec précision, même sur la base d'une photo "vieille de 40 ans", "alors que l'œil humain n'est pas en mesure d'affirmer avec certitude qu'il s'agisse de la même personne". 

Le second cas d'expérimentation avait trait à la foule en mouvement. Le logiciel était là encore chargé de repérer une personne recherchée parmi les volontaires. Le test a également été passé avec succès, note la mairie. Le dispositif s'est révélé efficace, que la personne soit en mouvement, camouflée par une casquette ou derrière des lunettes de soleil. Il aura également permis de distinguer deux jumeaux, dont l'un n'était pas recherché.

Un vide juridique

La ville de Nice a transmis son bilan de cette expérimentation à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Mais l'institution le juge insuffisant pour se prononcer sur la pertinence de la solution technologique utilisée. Manquent en effet un certain nombre d'éléments pour formuler un jugement éclairé sur le sujet.

Parmi eux, des informations sur le mode de fonctionnement exact du logiciel et sur ses éventuels loupés. Les technologies de reconnaissance faciale mènent bien souvent à des "faux positifs", à savoir des personnes identifiées par erreur. Or, le rapport de la mairie de Nice ne fait nulle mention de tels cas.

Le sort des informations biométriques présentes dans la base de données n'est pas non plus abordé. En revanche, le compte-rendu mentionne "qu'aucune plainte quelconque (sic) de la part des usagers" n'a été recensée. "Le défaut de cadre juridique a eu pour effet de limiter grandement cette expérimentation qui n’a pu être menée que sur une partie de l’une des entrées du carnaval, et non à l’entière échelle de la manifestation", regrettent également ses auteurs.

La CNIL reste donc en attente de nouveaux éléments de la part de la mairie de Nice, à venir pour ces prochains jours. La ville reste en pointe en matière d'expérimentations de reconnaissance faciale. Un test sera mené cette année à l'entrée du lycée des Eucalyptus, pour autoriser ou non l'entrée dans l'établissement. Il ne sera effectif qu'à partir d'octobre, fait savoir la CNIL auprès de BFM Tech. Des bornes de reconnaissance faciale ont également été mises en place au terminal 2 de l'aéroport de Nice, pour fluidifier le contrôle aux frontières. 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech