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Reconnaissance faciale: bientôt une base de données unique pour les forces de police européennes?

L'Union européenne prévoit d'interconnecter ses bases de données de reconnaissance faciale.

L'Union européenne prévoit d'interconnecter ses bases de données de reconnaissance faciale. - Pixabay

Un rapport rédigé par les polices nationales de dix Etats de l'Union européenne, divulgué par The Intercept, appelle à l'interconnexion des bases de données de reconnaissance faciale des 27 Etats membres.

La politique de l'Union européenne en matière de reconnaissance faciale, pour l'heure évasive, tend à se concrétiser. Un rapport co-rédigé par les forces de polices de dix Etats membres, et récupéré par le média The Intercept, appelle à interconnecter les bases de données de reconnaissance faciale des vingt-sept Etats membres de l'UE. 

Le rapport en question, obtenu de la part d'un responsable européen, a été remis à plusieurs confrères européens et nationaux en novembre 2019. Il invite par ailleurs à l'interconnexion des bases européennes avec des bases américaines. L'ensemble de ces bases seraient vouées à être utilisées par les forces de police, de façon unifiée et pour faciliter leurs enquêtes.

La proposition s'inscrit dans le cadre de discussions entamées dès 2018, sur l'extension du Traité de Prüm. Ce dernier, qui date de 2005, constitue le socle de coopération policière et judiciaire en matière pénale. Il permet l'échange de données génétiques, d'empreintes digitales voire de plaques d'immatriculation et de données à caractère personnel. Les données de reconnaissance faciale viendraient grandement enrichir ce dispositif existant. 

Toujours d'après The Intercept, qui s'appuie sur les informations fournies par la Commission européenne au Parlement européen en novembre dernier, un budget de 700.000 euros aurait été octroyé au cabinet de conseil Deloitte en vue d'améliorer le système Prüm, et d'y intégrer des informations relatives à la reconnaissance faciale. 

En parallèle, la Commission européenne a également versé 500 000 euros à un consortium d'agences publiques dirigé par l'Institut estonien de médecine légale, dans le but de "cartographier la situation actuelle de la reconnaissance faciale dans les enquêtes criminelles dans tous les États membres de l'UE", avec la perspective d'aller "vers l'échange possible de données faciales", d'après une présentation de projet envoyée aux représentants nationaux à Bruxelles.

Reconnaissance faciale sur le territoire européen. Cependant, ces plans ont été abandonnés dans la version finale du livre blanc publiée la semaine dernière, la Commission optant plutôt pour un "débat à l'échelle de l'UE sur l'utilisation de l'identification biométrique à distance". La Commission a également souligné le fait qu'en vertu des règles actuelles de l'UE en matière de protection des données, le traitement des données biométriques aux fins d'identification des personnes est interdit, sauf si des conditions spécifiques en matière de sécurité nationale ou d'intérêt public sont remplies.

L'Allemagne a annoncé son intention de déployer la reconnaissance faciale automatique dans 134 gares et 14 aéroports, tandis que la France prévoit également d'établir un cadre juridique permettant aux systèmes de vidéosurveillance d'être intégrés aux technologies de reconnaissance faciale .

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech