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Quatre associations se liguent contre la reconnaissance faciale dans les lycées

Pour mieux contrôler l'entrée des élèves, deux lycées du Sud de la France testent des portiques dotés d'une technologie de reconnaissance faciale. Un recours vient d'être déposé auprès du tribunal administratif de Marseille pour "faire barrage à la surveillance biométrique".

Elles voient d'un très mauvais œil la banalisation des technologies de reconnaissance faciale. Quatre associations françaises, dont la Quadrature du Net et la Ligue des droits de l'Homme, ont déposé ce 14 février un recours auprès du tribunal administratif de Marseille, pour "faire barrage à la surveillance biométrique".

En ligne de mire, le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, dont une délibération du 14 décembre dernier autorise une "expérimentation d'un dispositif de contrôle d'accès virtuel dans les lycées". Dans les deux établissements retenus pour ce test, le lycée Ampère de Marseille et celui des Eucalyptus à Nice, des caméras ont été installées à l'entrée. En cas d'intrusion d'un individu dont le profil ne correspond pas à la base de données détenue par le lycée, une alerte sera envoyée au personnel en charge de la surveillance.

Une surveillance "disproportionnée"

Les associations considèrent que cette même délibération, perçue comme "illégale", doit être "annulée". Le texte met selon elles en œuvre un traitement de données biométriques "manifestement disproportionné par rapport à l’objectif poursuivi" et "qui n’est fondé sur aucune règle juridique adaptée, claire et intelligible".

Le recours déplore également le défaut d'analyse d'impact, pourtant légitime avant le lancement d'un tel test. Une impasse d'autant plus cruciale que "ce dispositif expérimental, installé et financé par la société américaine Cisco a vocation à être étendu à l’ensemble des établissements scolaires de la région", relève la Quadrature du Net. 

"Cette expérimentation est une dérive sécuritaire de plus, et nous sommes extrêmement attentifs à ce que les droits fondamentaux des lycéens soient respectés" fait par ailleurs savoir Laëtitia Siccardi, présidente de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves des écoles publiques des Alpes-Maritimes. "De plus, il s’agit une fois encore d’un investissement financier considérable au service d’une mesure à l’efficacité douteuse."

Les deux lycées ne sont pas les premiers établissements de la région à mettre à l'épreuve un dispositif de reconnaissance faciale. Des bornes intégrant cette technologie ont été mises en place au terminal 2 de l'aéroport de Nice, pour fluidifier le contrôle aux frontières. Le deuxième aéroport français entend ainsi limiter l'attente de ses voyageurs, à l'heure où il fait face à une forte hausse de fréquentation.

La ville accueillera également une première nationale ces prochains jours. Son maire, Christian Estrosi, vient d'annoncer une nouvelle expérimentation de la reconnaissance faciale via des caméras de vidéo-surveillance, cette fois-ci sur la voie publique. Le test aura vocation à éprouver plusieurs scénarii lors du carnaval de Nice, comme celui d'un enfant perdu dans la foule ou d'une personne recherchée. Un millier de personnes se sont portées volontaires pour se prêter à l'exercice. 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech