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Quarantaine: en Russie, l'application de tracking distribue des milliers d'amendes, parfois sans raison

Moscou a été l'une des villes russes les plus touchées par l'épidémie de Covid-19.

Moscou a été l'une des villes russes les plus touchées par l'épidémie de Covid-19. - Alexander NEMENOV / AFP

La ville de Moscou recourt à une application pour surveiller le bon respect de la quarantaine, dans le cadre de l'épidémie de coronavirus. Mais le service montre d'ores et déjà des failles, et a attribué des milliers d'amendes à des moscovites pourtant restés chez eux.

Un petit outil bien encombrant est venu s'immiscer dans la vie des habitants de Moscou ces dernières semaines. Afin de lutter contre le coronavirus, la ville a mis au point une application mobile qui recourt au GPS des smartphones pour suivre en temps réel leur localisation, et s'assurer que leurs propriétaires mis en quarantaine ne s'éloignent pas de chez eux. 

Impossible de resquiller et de sortir de chez soi en y laissant son smartphone: l'application envoie des notifications de façon aléatoire. À chaque requête, ses utilisateurs sont dans l'obligation d'envoyer une photo d'eux-mêmes, attestant de leur présence chez eux. S'ils ne se plient pas à cet exercice, ou si le GPS du smartphone prouve une sortie interdite, une amende de 50 euros leur est infligée. 

11 amendes pour une seule personne

L'application commence d'ores et déjà à montrer ses failles, aux lourdes conséquences financières pour les moscovites qui en pâtissent. Une infirmière russe, sollicitée Associated Press, indique avoir cumulé à elle seule 11 amendes, soit l'équivalent de 550 euros, en ayant pourtant respecté les règles à la lettre et évité la moindre sortie jusqu'à la fin de sa quarantaine. Ce montant s'avère supérieur à son salaire mensuel.

D'après elle, l'application n'aura cessé de dysfonctionner durant cette période, l'empêchant notamment d'envoyer les photos réglementaires, et ce malgré ses longues heures passées à tenter de contacter un quelconque support technique.

Elle est loin d'être un cas isolé. Des milliers de Moscovites se plaignent actuellement d'avoir reçu des amendes illégitimes. En un peu plus d'un mois, les autorités ont infligé quelque 54.000 amendes à ses 70.000 utilisateurs enregistrés, soit 2,7 millions d'euros récoltés. Certains indiquent avoir reçu des notifications au beau milieu de la nuit, et ne pas avoir pu y répondre immédiatement. 

Moscou est l'une des villes russes les plus touchées par le coronavirus. La municipalité a donc déployé à marche forcée une série d'outils technologiques pour endiguer l'épidémie. Parmi elles, la mise à profit de dizaines de milliers de caméras dotées de logiciels de reconnaissance faciale, pour surveiller le bon respect du confinement imposé fin mars. Pourtant, c'est son application de tracking qui suscite le plus de mécontentement. Une pétition, signée 94.000 fois, circule déjà pour demander son abrogation.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech