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Qu’est-ce que Yubo, le réseau social français qui intéresse tant Mark Zuckerberg et Jeff Bezos?

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Très controversée, l'application Yubo, destinée aux adolescents, a levé 11,2 millions d'euros. Des fonds notamment destinés à renforcer l'équipe de modération, pour rendre le réseau social plus sain.

“Le Tinder des ados”, “les dérives de la nouvelle application à la mode”, “la face cachée de l’appli qui rend les ados accros”. Yubo, le réseau social créé en 2015 par trois amis ingénieurs français n’a pas bonne presse. Mais il intéresse de grands investisseurs outre-Atlantique. Yubo a levé 11,2 millions d’euros notamment auprès de deux fonds d’investissements, Village Global, qui compte parmi ses investisseurs Mark Zuckerberg et Jeff Bezos, respectivement à la tête de Facebook et Amazon. Ainsi que Sweet Capital, créé par les fondateurs du jeu mobile Candy Crush

A quoi ça sert? 

“Faîtes-vous de nouveaux amis”. Yubo est un réseau social gratuit (disponible sur iOS et Android), destiné aux adolescents. Plus de 25 millions de personnes l’utiliseraient, dont 1,25 million de Français, essentiellement en territoires anglophones (Etats-Unis, Australie ou Royaume-Uni). Sur la plateforme, les utilisateurs peuvent faire des “live” vidéo, visibles par tous dans un onglet dédié. L’auteur du direct peut aussi inviter d’autres personnes à le rejoindre, en vidéo ou en audio.

Le "Tinder" des adolescents 

Yubo propose une seconde fonctionnalité destinée à connecter les utilisateurs entre eux, le “swipe”, sorte de copie de l’application Tinder. Tant au niveau de son fonctionnement que du design. Le réseau social soumet à l’utilisateur le profil d’un autre avec son prénom, sa photo et son pays d’origine. Il est alors invité à “swiper” (balayer l’écran) à gauche pour “passer” (rejeter) la personne ou à droite pour l’ajouter. Si les deux utilisateurs ont choisi de s'ajouter, c’est le “match”. Ce qui leur permet de discuter en message privé.

Capture d'écran de la présentation de l'application Yubo sur l'App Store
Capture d'écran de la présentation de l'application Yubo sur l'App Store © Capture d'écran de la présentation de l'application Yubo sur l'App Store

Une application très controversée 

Yubo a fait l’objet de nombreuses critiques. En février, le témoignage publié dans le journal Le Point de Nora Bussiny, surveillante dans un lycée, met le feux aux poudres. Après avoir discuté avec plusieurs adolescents, elle explique que certains y sont devenus “accros”, regardant pendant plusieurs heures les directs d’autres utilisateurs. Selon Nora Bussigny, les garçons utilisent l’application essentiellement pour “chasser” des filles et leur réclamer des “nudes” (des selfies dénudés).

Ces photos restent rarement privées. Des “procès” en direct sont organisés sur l’application par des garçons qui se considèrent “victimes” de filles faciles et dévoilent les “nudes” des utilisatrices qu’ils accusent. Parfois à tort. Ces dernières tentent alors tant bien que mal de prouver que ce ne sont pas elles sur la vidéo. Une jeune femme a ainsi raconté à Nora Bussigny avoir dû montrer “ses grains de beauté sur les cuisses”, la “forme de ses fesses” ou “une cicatrice sur sa poitrine” pour se défendre. Le tout en direct et en public, accessible via l'onglet "live".

Le youtubeur Le roi des rats, qui s’acharne à démontrer “la face cachée” des réseaux sociaux, avait fait l’amère expérience de créer un faux profil d’adolescente sur Yubo. En quelques heures, il avait reçu des centaines de messages provenant quasi exclusivement de garçons. Et parfois d’hommes, bien plus âgés, essayant de le convaincre d’envoyer des photos à caractère sexuel. 

Yubo veut redorer son image 

Comme d’autres réseaux sociaux, des algorithmes sont chargés de repérer les contenus interdits. Le mot “procès”, utilisé pour “juger” des jeunes filles, a été interdit. Yubo se vante d’avoir des règles de modération très strictes, plus que d’autres réseaux sociaux. Les photos en sous-vêtements seraient ainsi interdites. Exception faite pour les maillots de bain. 

Interrogé par nos confrères de RTL, Sacha Lazimi, co-fondateur de l’application, explique que des modérateurs “agissent 24h/24 et sept jours sur sept”. La levée de fonds devrait permettre de multiplier “leur nombre par cinq”. La plateforme a également noué des partenariats avec des associations spécialisées dans la lutte contre le harcèlement en ligne dans les différents pays où elle est présente.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech