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Prise de température, surveillance, désinfection: les drones, nouvelle arme contre le coronavirus

De nombreux pays font appel aux drones pour mieux lutter contre la diffusion du coronavirus, ou faire respecter les consignes de confinement. Avec des différences notables selon les cultures.

"Apporter la bonne parole" et faire respecter le confinement: après la Chine, les drones sont de sortie en Europe pour lutter contre le coronavirus et les professionnels du secteur se félicitent que les pouvoirs publics généralisent leur emploi.

"Restez chez vous! Vous ne pouvez pas rester sur cette zone!": l'avertissement craché depuis le petit haut-parleur d'un quadrirotor dans les airs de Paris était encore inimaginable il y a quelques semaines.

Paris, Marseille et Nice

Mi-février, une vidéo virale sur les réseaux sociaux montrait une femme chinoise âgée, incrédule, se faire réprimander par un drone qui la filmait en train de rentrer chez elle : "Oui grand-mère, c'est le drone qui vous parle. Vous ne devriez pas sortir sans porter un masque. Vous feriez mieux de rentrer chez vous et n'oubliez pas de vous laver les mains", disait l'engin piloté par des policiers.

Touchés à leur tour par l'épidémie, plusieurs pays européens ont rapidement mis en place les mêmes outils pour faire respecter le confinement et la "peur du gendarme". En Espagne, en Belgique et en France, à Paris, Marseille, Nice et même hors agglomération, les drones s'envolent pour disperser les réfractaires au confinement.

"Un message diffusé par un drone, ça marque les gens et ça évite aux agents de police d'aller au contact", explique à l'AFP Stéphane Morelli, le cofondateur de la société Azur Drones, qui développe un système "quasi-autonome" de surveillance des sites sensibles.

De plus, les rues sont désertes et les avions cloués au sol: les conditions idéales pour piloter sans risque de collision, ajoute le dirigeant, qui précise qu'avec une caméra infrarouge, les engins peuvent aussi prendre la température des passants à distance, même directement sur leurs balcons.

Passé l'effet de surprise et le coup de communication, peut-on néanmoins s'attendre à une réelle efficacité de ce nouveau moyen de surveillance? "J'y vois surtout un outil de sensibilisation et dans un second temps, de contrôle", explique à l'AFP Bastien Laurent, délégué général national de la Fédération professionnelle du drone civil.

Reconnaissance faciale en Chine

Si les caméras embarquées sur les drones peuvent fournir une image distincte d'un visage à plusieurs centaines de mètres, la France ne permet pas, comme en Chine, une identification en temps réel par la reconnaissance faciale.

Mais tout rassemblement étant interdit, "on n'a pas forcément besoin de pouvoir identifier une personne", le drone permet "d'apporter la bonne parole" puis d'éventuellement envoyer une patrouille à terre.

"Le but n'est pas encore d'utiliser le drone pour mettre des contraventions. Je ne pense pas que la France soit prête pour ce genre de choses", dit également Alexandre Thomas, fondateur de Flying Eye, une société de vente et location de drones orientée vers le maintien de l'ordre et la sécurité. "Depuis vendredi, je reçois toutes les deux heures un appel pour me commander du matériel", affirme-t-il, interrogé par l'AFP.

Pour certains services de police, comme la préfecture de police de Paris qui en possède une vingtaine et avec qui Flying Eye a un accord-cadre, "le drone n'est plus exotique, c'est un outil indispensable déjà utilisé pour la surveillance des manifestations".

"Il y a également beaucoup de demandes des services de sécurité des prisons, en prévision d'éventuelles mutineries lors desquelles le drone permet de donner des indications aux équipes au sol", ajoute Alexandre Thomas. Enfin, l'entreprise a été sollicitée dans le cadre d'un appel à projets pour lutter contre l'épidémie afin d'utiliser ses drones "pour faire de l'épandage, de la désinfection".

Là encore, les premières vidéos venues de Chine montrant des drones disperser dans les rues du produit désinfectant ressemblaient début février à de la science-fiction. En France, "on n'en est qu'à la phase de projet, c'est plutôt prévu pour la fin de la période de confinement", croit savoir M. Thomas.

R.G avec AFP