Tech&Co
Vie numérique

Pourquoi Grindr devient "une menace pour la sécurité nationale" selon les Etats-Unis

-

- - -

Kunlun, propriétaire chinois de l'application de rencontres destinée à la communauté gay, a engagé un processus de revente. Le Comité pour l'investissement aux États-Unis y voit en effet une menace pour la sécurité nationale.

Kunlun fait machine arrière. Après avoir acquis l'application de rencontres Grindr il y a trois ans, le géant chinois veut s'en délester. En cause: un avis des autorités américaines sur le risque que représenterait l'application pour la "sécurité nationale", font savoir deux sources à Reuters. Un poids que Kunlun ne peut plus supporter alors même que le groupe prépare une délicate introduction en Bourse.

Pourquoi tant de méfiance? L'avertissement provient du Comité pour l’investissement étranger aux États-Unis (CFIUS), chargé d’analyser les acquisitions d’entreprises américaines par des compagnies étrangères. L'institution tient des réunions à huis clos et n'a pas pour habitude de communiquer sur ses délibérations. Impossible, donc, de connaître la raison exacte d'une telle mise en garde, ni même la façon dont Kunlun y a répondu. Reste que l'entreprise chinoise a bel et bien engagé un processus de vente de l'application pour gays, bis, trans et queers, acquise pour 243 millions de dollars.

Une ombre au tableau 

Depuis quelques mois déjà, scandales liés aux données personnelles aidant, le CFIUS accorde une attention toute particulière aux applications et à leur façon de sécuriser les informations sensibles qui y transitent. Le comité a ainsi bloqué deux acquisitions de sociétés américaines par des groupes chinois: celle de la société américaine de transfert d'argent MoneyGram International Inc, et celle de la société de marketing mobile AppLovin.

Les données personnelles embarquées dans Grindr, en touchant à l'intime, sont particulièrement sensibles. Le CFIUS pourrait notamment craindre que des informations sur la vie sexuelle ou la géolocalisation de certains membres de l'administration américaine ne soient pas suffisamment protégées et tombent aux mains d'ingénieurs chinois. Le comité aurait certains arguments pour légitimer ces craintes. En avril dernier, BuzzFeed révélait que Grindr avait partagé les données personnelles de certains de ses membres, dont leur statut sérologique, avec des applications tierces. Grindr a depuis coupé court à ce partage d'informations. 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech