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Le marathon caritatif Furax revient sur Twitch pour sensibiliser au cyberharcèlement

L'événement caritatif sur Twitch Furax revient pour une seconde édition du 5 au 7 avril. Les dons récoltés durant l'événement seront reversés à l'association Féministes contre le cyberharcèlement.

Furax revient pour une seconde édition. Cet événement caritatif sur Twitch doit se tenir sur trois jours cette semaine, du vendredi 5 au dimanche 7 avril. Au programme, trois jours de streams auxquels au moins une quarantaine de créateurs et créatrices doivent participer. Parmi eux, des personnalités comme Horty, Modiie ou Mister MV.

En 2023, les deux streameuses à l'origine de l'événement, Nat'Ali et Joul, avaient choisi de soutenir l'association d'aide aux victimes de violences conjugales Elle’s Imagine’nt. Cette année, l'événement récoltera des fonds pour l'association Féministes contre le cyberharcèlement.

La "double peine" des femmes sur les réseaux sociaux

"Le thème s’est naturellement tourné vers le cyberharcèlement quand on voit ce qu'il s’est passé cette année avec Manon Lanza, pour ne citer qu’elle. On n'arrête pas de dire que le sexisme sur les réseaux sociaux est terminé, mais non", explique Nat'Ali à Tech&Co.

La youtubeuse Manon Lanza a subi une intense vague de cyberharcèlement en septembre après sa participation au GP Explorer 2. Lors de cette course de Formule 4 entre créateurs de contenu et personnalités publiques organisée par Squeezie, Manon Lanza a été impliquée dans un accident. Elle a ensuite reçu de très nombreuses insultes à caractère sexiste, et ce pendant plusieurs jours.

Outre le cas de Manon Lanza, Nat'Ali dénonce plus globalement la "double peine" des femmes qui participent à d'importants événements organisés par des créateurs de contenus.

"Quand une femme est présente, déjà, il n’y en a qu’une. Et comme il n’y en a qu’une, les fans ne sont pas habitués à voir des femmes et à la moindre erreur elles se prennent une vague de cyberharcèlement. Et donc les streameurs et les youtubeurs ne veulent plus les inviter. C’est un cercle vicieux qu’on essaie de briser", affirme-t-elle.

Sensibiliser les influenceurs et leurs abonnés

Pour cela, l'objectif de Furax est de sensibiliser à la fois et les influenceurs et leurs abonnés, avec notamment des tables rondes sur différents sujets: le masculinisme, la modération sur Twitch et les réseaux sociaux, le doxxing (la divulgation en ligne d'informations sur l'identité et la vie privée d'une personne sans son consentement), la représentation des minorités dans le jeu vidéo...

L'édition 2023 de Furax, qui s'est tenue du 25 au 26 févrie
L'édition 2023 de Furax, qui s'est tenue du 25 au 26 févrie © Furax

"On en est aux balbutiements de la prise de parole des influenceurs sur ces sujets", estime la streameuse Mamapaprika, co-organisatrice de l'événement. Nat'Ali déplore aussi que les "gros influenceurs" ne soient "pas formés au niveau du sexisme mais aussi de la communication, qui est toujours désastreuse dans les affaires de harcèlement". Le but de Furax est donc que le sujet des cyberviolences ne soit pas seulement connu des personnes directement touchées: "tout le monde est concerné", affirme la streameuse.

Une co-organisation avec Afrogameuses

La nouveauté de cette seconde édition est le rôle pris par l'association Afrogameuses dans son organisation. Créée en 2020, elle œuvre en faveur d'une meilleure représentation des minorités dans le milieu du jeu vidéo.

Les streameuses Jane et Nat'Ali, respectivement fondatrice d'Afrogameuses et co-fondatrice de Furax
Les streameuses Jane et Nat'Ali, respectivement fondatrice d'Afrogameuses et co-fondatrice de Furax © Furax

Au sein de Furax, les membres d'Afrogameuses permettent d'apporter "un regard qui n'est pas celui du Twitch français actuel", estime l'une d'entre elles, Mamapaprika. Cette streameuse souligne notamment l'absence de femmes racisées parmi les personnalités les plus suivies sur Twitch.

"On m'a plusieurs fois demandé ce que je faisais sur Twitch alors que je fais la même chose que les autres", témoigne-t-elle.

Des cyberviolences politisées

Le sens du soutien apporté à l'association Féministes contre le cyberharcèlement est particulièrement important pour Afrogameuses, les cyberviolences étant "politisées", avec une "prédominance contre les minorités de genre et les personnes racisées", insiste Mamapaprika.

Selon une étude publiée en 2021 par le Pew Research Center, un centre de recherche américain, parmi les personnes qui disent avoir été victimes de cyberharcèlement, les femmes sont bien plus nombreuses que les hommes (47% contre 18%) à penser avoir été harcelées en raison de leur genre. Et plus de la moitié de victimes noires (54%) ou hispaniques (47%) de harcèlement en ligne déclarent avoir été harcelées en raison de leur race ou de leur appartenance ethnique, contre 17% des victimes blanches. Mamapaprika dit par exemple avoir reçu plusieurs fois des insultes racistes sur les réseaux sociaux, notamment lorsqu'elle a subi sur Twitch un raid avec "des centaines de messages" à caractère raciste.

"On risque de s’attirer les foudres des haters"

En 2023, Furax a pu reverser 55.000 euros à Elle's imagine'nt. Cette année, l'objectif est de "faire au moins aussi bien", assure Nat'Ali. "On est conscientes que c’est un sujet de niche, que ce n'est pas aussi facile de rassembler sur le cyberharcèlement et le sexisme que pour Médecins du monde ou l’écologie. On est politisées et donc on est conscientes qu’il y a des gens à qui ça ne va pas plaire. On risque de s’attirer les foudres des haters", juge-t-elle.

En 2024, l'association veut continuer à agir au-delà de cet événement sur trois jours, en alimentant sa chaîne Twitch de conférences et de ressources sur les thématiques qui lui sont chères, comme le cyberharcèlement.

3018: le numéro vert dédié au cyberharcèlement

En cas de cyberharcèlement, vous pouvez composer le 3018 pour joindre un dispositif d'écoute des victimes. Ce numéro est joignable 7 jours sur 7 de 9h à 23h.

Sophie Cazaux