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L'inventeur du retweet fait son autocritique

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- - AFP

Le créateur du célèbre bouton de partage sur Twitter est revenu sur son invention, qui fête ses dix ans. Il estime avoir mis dans les mains des utilisateurs du réseau social une "arme" trop puissante.

Les cadres et ingénieurs repentis des géants du numérique ne manquent jamais d'emphase pour qualifier leurs créations. La dernière sortie remarquée en la matière est attribuée à Chris Wetherell, développeur à l'origine du bouton retweet, qui permet de partager en un clic des contenus dénichés sur Twitter. L'innovation, qui a fait le succès de ce réseau, fête ses dix ans.

Interviewé par BuzzFeed News, il juge que son invention revient à avoir "confié une arme chargée à des enfants de quatre ans". Par cette expression, Chris Wetherell déplore les conséquences qu'a pu avoir ce simple outil sur la qualité des conversations en ligne. Il y voit notamment un des facteurs explicatifs à la propagation de fausses informations et au cyberharcèlement. Pour l'ingénieur américain, est venu le temps d'endiguer ces dérives propres aux réseaux sociaux et d'élaborer de outils en faveur d'une conversation plus saine.

Renoncer au retweet ?

Les conséquences négatives de ce bouton retweet n'échappent pas à Twitter. Le patron du réseau social, Jack Dorsey, réfléchit à apporter des modifications à ce bouton de partage, toujours d'après BuzzFeed News. Il voit en le fait de partager des contenus non pas d'un simple clic mais en y ajoutant nécessairement un commentaire un moyen d'encourager à "plus de réflexion avant la diffusion d'un message".

Pour Jason Goldman, chef du produit de Twitter à l'époque où Chris Wetherell a créé le retweet, le partage avec un commentaire constitue au contraire la source des problèmes auxquels Twitter est aujourd'hui confronté. Il y voit avant tout un moyen de se mettre en avant par une opinion clivante sur un sujet polémique, ou encore de critiquer directement l'auteur du tweet initial. 

Malgré son emphase, l'autocritique de Chris Wetherell semble légitime. Il est loin d'être le seul à être revenu sur sa création. Tristan Harris, un ancien ingénieur de Google passé par le laboratoire de persuasion technologique de Stanford, n'a désormais de cesse de dénoncer les dérives des géants des nouvelles technologies et la façon dont ils rendent leurs utilisateurs dépendants de leurs services. Justin Rosenstein, l'inventeur du bien connu "like" sur Facebook, a déclaré à plusieurs reprises se sevrer de Facebook et comparé Snapchat, une application mobile prisée des adolescents, à de l'héroïne. Quant à Chris Hugues, l'un des cofondateurs de Facebook, il appelle purement et simplement à démanteler le réseau social le plus populaire au monde. 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech