Tech&Co
Vie numérique

Google a 20 ans: ces services "tués" par le géant américain

Google fête ses vingt ans d'existence.

Google fête ses vingt ans d'existence. - Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Google fête ses 20 ans. En deux décennies, la toute puissante entreprise a balayé par son succès plusieurs (ex) grands noms du Web, pour les remplacer un par un.

L’Attila du Web fête son vingtième anniversaire. Le projet étudiant, dont la légende veut qu'il soit né dans un garage, compte désormais 85 000 employés et s'est imposé dans le quotidien des internautes.

De la recherche en ligne aux déplacements en ville, en passant par l'envoi de mails ou encore la comparaison de prix, Google a tissé sa toile au fil des années et affiné ses services, au grand dam de ses concurrents. Alors que certains ne sont plus que des reliques du passé, d’autres se débattent pour survivre.

Internet Explorer, un dernier éclat avant la nuit

En 1997, Internet Explorer est un petit logiciel qui monte. Il grapille des parts de marché au géant d'alors, le feu Netscape. Tant et si bien que le navigateur est accusé au début des années 2000 d'étouffer la concurrence. Le logiciel de Microsoft est en effet préinstallé dans toutes les versions de Windows.

Ce tableau idéal commence néanmoins à se fissurer dès 2006. Dans son classement, le magazine PC World classe Internet Explorer parmi les dix pires produits technologiques de tous les temps, pour ses nombreuses vulnérabilités et sa lenteur. En 2008, le navigateur de Google, Chrome se lance et gagne en moins d'un mois 1% des internautes. Chrome bénéficie notamment d'un accord avec Sony qui l'installe sur ses PC en tant que navigateur par défaut, place jusqu'alors dévolue à Internet Explorer. En mars 2015, Microsoft signe l'arrêt de mort d'Internet Explorer. Ses anciennes versions ne bénéficieront plus de son support. 

Un an plus tard, Chrome dépasse le leader historique pour la première fois. Pour ses dix ans, le moteur américain peut désormais se targuer d'occuper 90 % des parts de marché de la recherche en ligne dans le monde, d'après statcounter. L'Europe y est encore davantage réceptive. 92% des internautes européens ont adopté Google Chrome. 

Kelkoo, le roi déchu des comparateurs de prix

De près de 400 à une vingtaine. L'arrivée de Google Shopping en Europe, en 2002, a réduit le nombre de comparateurs de prix en Europe à peau de chagrin. Pour les survivants de cette hécatombe, tout n'est pas rose. Numéro 3 mondial du e-commerce dans les années 2000, Kelkoo a été racheté en grande pompe par Yahoo en 2004, pour 475 millions d'euros, avant d'être revendu quatre ans plus tard pour moins de 100 millions. Entre 2012 et 2017, l'entreprise a vu son chiffre d'affaires divisé par deux, pour tomber à 40 millions d'euros.

En juin 2017, la Commission européenne a estimé que Google avait eu son rôle dans la disparition de bon nombre de comparateurs de prix. L'entreprise a écopé d'une amende record de 2,42 milliards d'euros pour abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne et pour la mise en avant de son propre comparateur, Google Shopping.

Depuis, un nouveau mode d'attribution des premiers résultats payants, reposant sur des enchères, a été mis en place. "Ce système d’enchères est une mauvaise blague de la part de Google", estime Nicolas Jornet, directeur France de Kelkoo. "Google continue d'avoir près de 96% des parts de marché sur ce système, contre 98% il y a six mois. De plus, l'argent que nous payons en tant qu'enchérisseur va directement à Google !". 

Quaero, tué dans l’œuf

Comme beaucoup, Quaero aura tenté de concurrencer Google. Ce programme européen de recherche et d'innovation franco-allemand lancé en 2005 avait pour objectif de développer un outil d'indexation des contenus en ligne. L'équivalent d'un moteur de recherche européen destiné au grand public et aux entreprises.

Le projet s'est arrêté net en 2013, après huit années de travaux. En restent de nombreux brevets, notamment en matière de reconnaissance faciale et de transcription automatique de son en texte, et certaines innovations majeures, comme Exalead. Aucun moteur de recherche n'aura finalement émergé. Coût des opérations: 198 millions d'euros.

Hotmail, dépassé depuis 2012

Le rouleau compresseur Google a fait de son service Gmail le roi incontesté de la messagerie en ligne. En avril, le service a fait peau neuve et revendique désormais 1,4 milliard d'utilisateurs, loin devant les 400 millions d'adeptes d'Hotmail, devenu Outlook. 

En réalité, Gmail a dépassé Hotmail en nombre d'utilisateurs depuis 2012. Ses mues successives n'y auront rien changé. 

Mauvaise passe pour le français DailyMotion

Tous deux sont nés en 2005 et pourtant, l'un d'entre eux a très largement pris l'avantage. Racheté par Google en 2006, YouTube a mis les bouchées doubles pour capter l'essentiel du contenu vidéo. Depuis, un écart conséquent s'est creusé. 

Rachetée par Vivendi à la mi-2015 pour 265 millions d'euros, Dailymotion accuse le coup. Son audience est passée de 148 millions de visiteurs uniques par mois à seulement 77 millions fin 2017. Tant et si bien que plusieurs youtubeurs ont reçu des mails de la plateforme française, relevaient les Inrocks. Pour sortir son épingle du jeu, DailyMotion met en avant des conditions de rémunération plus attractives. 

Ces cinq services Web sont loin d'être les seuls à avoir pâti du succès de Google. "Les services de cartographie - Mappy et Michelin en tête -, les comparateurs de vols ou encore les services de notation de type Yelp se sont respectivement faits évincer par Google Maps, Google Flights ou encore le système d'avis Google", liste Nicolas Jornet. "Yelp est en grande difficulté et suit par ailleurs le cas Google Shopping de très près". A terme, d'autres géants comme TripAdvisor ou Booking pourraient bien être menacés.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech