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Vie numérique

Facebook devrait être davantage peuplé de morts que de vivants d'ici 50 ans

L'Oxford Internet Institute donne cinquante ans à Facebook pour comprendre davantage de profils de personnes décédées que de personnes en vie.

L'Oxford Internet Institute donne cinquante ans à Facebook pour comprendre davantage de profils de personnes décédées que de personnes en vie. - Hugh Kinsella Cunningham / AFP

Une étude menée par l'Oxford Internet Institute remet sur le devant de la scène le sujet de la mort numérique, qui trouve une importance toute particulière sur Facebook.

Un prestigieux institut de recherche anglais donne cinquante ans à Facebook pour devenir un très vaste cimetière numérique. D’après une étude publiée par l’Oxford Internet Institute, affilié à l’Université d’Oxford, le nombre d’utilisateurs décédés sur Facebook sera dès 2070 plus important que celui d’internautes vivants.

"D’après le nombre d’utilisateurs actuel de Facebook en 2018, au moins 1,4 milliard de membres du réseau social mourront d’ici 2100. Si l’on suit ce scénario, le nombre de morts dépassera celui des vivants en 2070", expliquent les scientifiques, en prenant en compte les données de l'ONU liées à la population mondiale et les outils de prédiction d'audience de Facebook. L'institut ne semble néanmoins pas s'appuyer sur la proportion de comptes purement et simplement supprimés, parmi ceux de personnes décédées.

"Si Facebook continue à faire grossir son audience au rythme où il le fait actuellement, le nombre d’utilisateurs décédés pourrait atteindre 4,9 milliards avant la fin du siècle", poursuit l'étude. Pour rappel, Facebook revendique à l'heure actuelle 2,3 milliards d'utilisateurs actifs sur son réseau.

Un héritage numérique

Par ces prédictions, l'équipe de chercheurs souhaite avant tout mettre en lumière une épineuse question: comment préserver au mieux les données personnelles de personnes disparues, éparpillées sur l'ensemble de leurs profils Facebook, Twitter ou Instagram ? Pour David Watson, le coauteur du rapport de l'Oxford Internet Institute, ces données doivent faire l'objet d'un traitement particulier.

"Il est important que l’accès à ces données historiques ne soit pas réservé à une seule entreprise privée", fait-il savoir dans un communiqué. "Contrôler cette archive revient, en un sens, à contrôler notre histoire", justifie-t-il.

La question de la mort numérique est loin d'être nouvelle pour les géants du web, Facebook en tête. Le réseau social a été l'un des premiers à proposer à ses membres de désigner une personne à même de gérer leur compte en cas de disparition. A ce légataire de supprimer le profil de la personne décédée ou d'y faire apparaître une mention "En mémoire de", pour le distinguer des profils actifs et éviter que Facebook ne le prenne en compte dans ses outils automatiques (comme par exemple la remontée automatique de photos d'un proche).

Facebook a récemment annoncé aller plus loin dans la gestion des comptes de personnes décédées sur son réseau. L'entreprise a précisé en avril sa volonté de rendre ses algorithmes d'intelligence artificielle plus respectueux du deuil. De quoi éviter, par exemple, que des proches d'une personne décédée ne reçoivent des rappels d'anniversaire entre le moment de son décès et celui de la création d'un compte de commémoration.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech