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Facebook a renoncé à la possibilité de rendre son réseau moins clivant

Facebook reste le premier réseau social au monde, avec 2,6 milliards d'utilisateurs actifs par mois.

Facebook reste le premier réseau social au monde, avec 2,6 milliards d'utilisateurs actifs par mois. - Olivier DOULIERY / AFP

Un rapport interne de 2018, exhumé par le Wall Street Journal, soulignait une forte polarisation des utilisateurs du réseau social, en esquissant quelques pistes pour sortir de cet écueil. Ces dernières ont été écartées.

Mener un débat argumenté sur le premier réseau social au monde en avançant des propos raisonnés et dénués d'émotions s'avère compromis, et Facebook le sait bien. Un rapport interne de 2018, dévoilé ce 26 mai par le Wall Street Journal, soulignait la tendance du réseau à polariser les opinions de ses utilisateurs et à favoriser les prises de position extrêmes. 

"Nos algorithmes exploitent l'attrait du cerveau humain pour la division", faisait valoir le rapport en question, en avançant plusieurs pistes pour apaiser les conversations tenues sur le réseau. Ces dernières n'ont néanmoins pas été retenues, et écartées par Mark Zuckerberg lui-même. La raison? Aussi toxiques soient-elles, ces conversations polarisées sont synonymes d'engagement des utilisateurs du réseau, et d'un temps plus important accordé à la plateforme. Et donc, de revenus publicitaires plus grands. 

Eviter les partis pris

Le Wall Street Journal attribue par ailleurs le rejet de telles propositions à Joel Kaplan, vice-président des politiques publiques mondiales de Facebook et ancien chef de cabinet du président George W. Bush, au rôle-clé dans l'entreprise depuis les élections de 2016: éviter à Facebook les accusations de partis pris, régulièrement émises par les conservateurs.

En 2016, en pleine campagne électorale américaine, Facebook avait notamment été accusé d'être "pro-démocrate" et d'écarter systématiquement les articles à teneur libérale ou conservatrice de sa rubrique "Sujets populaires", uniquement accessible aux Etats-Unis.

D'après le Wall Street Journal, Joel Kaplan serait également derrière la décision de Facebook de laisser libre cours aux publicités politiques sur son réseau, pour ne pas se montrer discriminant à l'égard d'une quelconque opinion. Il aurait par ailleurs tenté de mener un projet baptisé "Common Ground", destiné à promouvoir un contenu politiquement neutre sur la plateforme, mais lui abandonné en cours de route. 

"Nous avons beaucoup appris depuis 2016 et ne sommes pas la même entreprise aujourd'hui. Nous avons constitué une solide équipe d'intégrité, renforcé nos politiques et pratiques pour limiter le contenu préjudiciable et utilisé la recherche pour comprendre l'impact de notre plateforme sur la société afin de continuer à nous améliorer", a déclaré un porte-parole de Facebook auprès de The Verge, en rappelant le déploiement de 2 millions de dollars en février dernier pour "soutenir des propositions de recherche indépendantes sur la polarisation." Pour rappel, le credo de Facebook reste le même: "bring the world closer together", soit "rapprocher les gens".

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech