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Comment la justice tente de bloquer définitivement un blog d'extrême droite

Neuf opérateurs ont été assignés en référé pour bloquer le site.

Neuf opérateurs ont été assignés en référé pour bloquer le site. - Pixabay/ markuspisske

Le blog "Démocratie participative" fait l'objet d'une demande de blocage de la part du parquet de Paris. Pour la première fois, neuf opérateurs télécom ont été assignés en référé.

Aux grands maux les grands remèdes. Par une procédure très rare en France, la justice entend bloquer un site assimilé à la "fachosphère". Pour y parvenir, le procureur de la République de Paris, François Molins, a assigné en référé neuf opérateurs de télécommunications - dont SFR, Bouygues Telecom, Orange et Free, a appris mardi 16 octobre l'AFP de source proche du dossier.

Le site en question, DemocratieParticipative.biz, est réputé pour ses propos haineux à caractère raciste, antisémite et homophobe. Ouvertement anti-musulman, il se présente comme le blog "le plus lu par les jeunes blancs décomplexés" et sert souvent de rampe de lancement pour des campagnes de cyberharcèlement. 

Quinze jours pour procéder au blocage

Pour couper court à sa visibilité en France, le parquet s'en remet à une procédure d'urgence. A partir du 8 novembre, et après avoir jugé du "trouble manifestement illicite" causé par le site, les neuf opérateurs télécom assignés en référé auront quinze jours pour le bloquer, sous astreinte de 10 000 euros par jour de retard.

Première du genre, cette procédure civile est aussi un dernier recours. Elle a fait suite à des mois d'aléas judiciaires et d'une dizaine d'enquêtes lancées par plusieurs services de police après des signalements sur la plateforme Pharos, qui permet aux internautes de faire remonter des contenus illicites accessibles en ligne. 

Le blocage de 'Democratie Participative" s'est jusqu'à présent heurté à deux difficultés principales. Pour son hébergement, le site fait appel à Cloudflare, une société américaine qui n'a jamais donné suite aux réquisitions françaises, si ce n'est pour brandir le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis, relatif à la liberté d'expression.

Par ailleurs, l'administrateur du site reste pour l'heure hors de portée. Pour Le Monde, plusieurs indices, dont une note conjointe de la Direction générale de la police nationale (DGPN) et de la préfecture de police (PP) datant d’avril, portent à croire qu'il s'agirait du militant d'extrême droite Boris Le Lay, condamné par la justice à plusieurs reprises entre 2011 et février 2018 pour "diffamation", "apologie de crime" et "injure".

Une action conjointe des neuf opérateurs télécom sera-t-elle suffisante pour signer la fin de "Democratie Participative"? Rien n'est moins sûr d'après Damien Bancal, blogueur spécialisé en sécurité informatique. "Il suffira de passer par un proxy Tor ou un VPN pour se faire passer pour un internaute américain, belge ou australien", note-t-il. Tout juste entamé, le bras de fer entre la justice et ce blog devraient néanmoins constituer un cas d'école. 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech