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Vie numérique

Comment l'application de running Strava a pu conduire à la mort d'un militaire russe

Un capitaine russe responsable d'attaques en Ukraine via des sous-marins a été tué lundi pendant son jogging. L'application spécialisée Strava pourrait être à l'origine de sa géolocalisation par l'agresseur.

Les détails de l'affaire restent encore troubles mais un élément est presque certain: Strava, l'application dédiée à l'enregistrement des activités sportives, pourrait bien avoir accéléré la mort de Vladislav Rjitskiï. Ce capitaine et sous-marinier russe, a été tué ce 10 juillet à Krasnodar, non loin de la Crimée.

En plein jogging, l'homme a été ciblé par sept balles de pistolet, occasionnant sa mort sur place. Peu d'éléments sont connus pour le moment, mais selon Le Monde, le militaire était un utilisateur régulier de l'application Strava, qui permet à ses utilisateurs de partager leur performances sur 37 activités différentes, généralement le running ou le vélo.

Vladislav Rjitskiï publiait ainsi très régulièrement ses trajets sur l'application, ce qui aurait permis aux personnes à l'origine de sa mort de connaître ses itinéraires quotidiens, et donc de le repérer facilement le jour de sa mort.

"Enregistrez, transpirez, partagez"

L'application Strava, créée en 2009, mise en effet tout son concept sur le partage de données liées au sport, avec un slogan qui ne laisse pas de doute: "Enregistrez. Transpirez. Partagez", affiché en tête de son site Internet. Strava revendique être la plus grande communauté sportive au monde, avec plus de 100 millions d'athlètes dans 195 pays différents.

"Enregistrez votre activité pour la retrouver dans votre flux Strava, où vos amis et les personnes qui vous suivent peuvent également partager leurs propres courses et entraînements, donner des kudos pour féliciter les performances de chacun, et laisser des commentaires", indique par exemple Strava.

Les données partagées peuvent toutefois être visibles par des personnes autres que ses propres compagnons de jogging. Les performances peuvent en effet être vues par tous les utilisateurs, par exemple via les classements ou challenges publics des segments courus ou roulés.

Des données accessibles à tous

La page détaillée des activités de chaque athlète peut également être visible et montre tous les détails des séances effectuées par l'utilisateur. "Quand vous choisissez "Tout le monde" [dans vos paramètres de confidentalité], quiconque sur l'internet verra une version déconnectée de la page de votre activité comprenant la distance de l'activité, le dénivelé, la durée de déplacement, l'allure/la vitesse, les calories, la mesure d'effort, les photos, la carte, le profil d'altitude, les meilleures performances, les temps intermédiaires, les correspondances de segments populaires, la durée de votre effort, les kudos et les commentaires", indique notamment le site de Strava.

Pour modifier ces paramètres, il faut se rendre dans l'onglet "Contrôles de la confidentialité", où il est possible de choisir d'afficher ses données à "Tout le monde", ses "Abonnés" ou de les garder privées.

Un changement de paramètres qui pourrait s'avérer utile pour les athlètes ne souhaitant pas mettre à la portée de tous leur géolocalisation précise. En 2018 déjà, des espions de la DGSE avaient pu être identifiés sur leur lieu de travail et de planque à cause des données de jogging qu'ils avaient partagées sur Strava.

Julie Ragot