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Vie numérique

Aux Philippines, le trafic d’organes passe aussi par Facebook

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- - JOSH EDELSON / AFP

Dans le pays, certains internautes dans le besoin n’hésitent pas à passer par le réseau social pour vendre un rein en urgence.

Les Philippines figurent de longue date parmi les pays où le trafic d’organes fait le plus de ravages. Pour céder un rein, les habitants au revenus les plus modestes se tournent également vers les réseaux sociaux, à commencer par Facebook, rapporte le site de Channel NewsAsia

Sur la plateforme, des fils de discussion sont régulièrement créés afin de mettre en relation des donneurs et des malades. Le site mentionne le cas d’un couple vivant à Manille et ayant dû faire face à une facture de 250 euros pour un accouchement à l'hôpital, initialement prévu à domicile.

Numéro de téléphone et groupe sanguin

Fin septembre 2019, le père de l’enfant se tourne vers Facebook pour publier une petite annonce concernant la vente de son rein, au sein d’une conversation dédiée, créée quelques mois plus tôt. A chaque fois, les donneurs prennent le soin de mentionner leur numéro de téléphone et leur groupe sanguin.

“J’ai pris mon téléphone et recherché les termes “rein à vendre” sur Facebook”. De nombreux contenus sont apparus. Certains recherchaient des donneurs. D’autres affichaient des offres pour acheter un organe” explique le père de famille auprès de Channel NewsAsia.

“Nous observons que toutes les formes de trafic d’êtres humains, y compris la prostitution ou l’esclavage, passent désormais par les plateformes en ligne, à commencer par les réseaux sociaux” explique Yvette T Coronel, spécialiste du sujet au ministère de la justice philippin.

“Nous retirons ces contenus dès que nous sommes avertis de leur existence. Nous invitons notre communauté à signaler tout élément susceptible de contrevenir à nos règles”, se défend un porte-parole de Facebook, interrogé par Channel NewsAsia. 

Mais comme c’est le cas pour détecter la violence, les fausses informations, ou les propos haineux, les algorithmes de Facebook ne parviennent pas à juguler l’afflux de messages publiés et potentiellement liés à un trafic d’organes.

Moins de 9.000 euros pour un rein

Depuis le menu de recherche du réseau social, des termes élémentaires permettent d’avoir accès à des donneurs. Les termes “kidney donor Philippines” (“donneur rein Philippines”) renvoient vers de nombreuses annonces. Ainsi, une annonce émanant d’un homme de 41 ans et datant du 19 juillet 2019 propose un rein à la vente pour 500.000 pesos philippins, soit moins de 9.000 euros.

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Des groupes au noms équivoques remontent également dans les résultats de recherche. A titre d’exemple, le groupe public “Donneur de rein, patients, greffe, tourisme médical à travers le monde” cumule près de 2.000 intéressés à ce jour. Il a été créé fin 2017, sous le nom “Achat/Vente de rein Bangladesh”.

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Comme le rappelle Facebook au média asiatique, la censure des publications évoquant des sujets aussi sensibles doit se faire avec parcimonie, afin de ne pas porter atteinte aux échanges légitimes concernant le don d’organe. Une frontière difficile à établir, face à l’afflux de contenus émanant d’une partie des 66 millions de Philippins présents sur le réseau social.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co