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Arabie saoudite: ce que l'on sait des drones à l'origine de l'attaque

Aramco, la plus grande société pétrolière d'Arabie saoudite, a été attaquée à Abqaiq et Khurais.

Aramco, la plus grande société pétrolière d'Arabie saoudite, a été attaquée à Abqaiq et Khurais. - AFP

Deux installations stratégiques de la compagnie pétrolière Aramco ont fait l'objet d'une attaque de drones ce samedi 14 septembre. Ces opérations restent encore extrêmement délicates à contourner.

Ce samedi, deux sites pétroliers d'Arabie saoudite ont fait l'objet d'une attaque de drones sans précédent dans le pays. L'opération, revendiquée par les rebelles houthis du Yémen, aura ciblé la plus grande usine de traitement d'Aramco, la compagnie d'hydrocarbures nationale, située à Abqaiq, et l'un des principaux champs pétroliers du pays à Khurais, dans l'Est. De quoi forcer Aramco à suspendre temporairement environ la moitié de sa production.

Les drones impliqués dans l'attaque sont au nombre de dix, relève ce 16 septembre le centre d’analyse américain Soufan Center. En début d'année, un rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies en faisait déjà mention. Le document soulignait que les tous derniers drones obtenus par les forces houthies avaient grandement gagné en autonomie et en capacité de destruction par rapport à leurs prédécesseurs.

Une menace protéiforme

Parmi eux, des drones UAV-X d'une portée maximale de 1500 kilomètres, note Business Insider. Début juillet, les houthis avaient par ailleurs présenté, à l'occasion d'une cérémonie dans un lieu tenu secret, un drone-bombardier, baptisé le "Sammad 3" ainsi qu'un missile de croisière, dénommé "Al-Qods". Ils disposent également d'un drone armé d'explosifs appelé "Qasef 2", rappelle l'AFP. Un rapport de l'ONU publié en 2018 relève que les drones des Houthis, mis au point à l'aide de pièces d'origines iraniennes, sont de dimensions et de vitesses de déplacement variables, rendant plus difficile leur interception.

Les installations pétrolières saoudiennes constituent une cible de choix pour ces attaques et restent difficiles à protéger dans le pays, malgré l'important effort financier réalisé par l'Arabie saoudite en la matière. Le pays a ainsi lourdement investi pour se doter de systèmes de défense sol-air, comme des batteries de missiles anti-missiles américains Patriot, de radars et d'une force aérienne ultra-moderne. Ses dépenses en armement ont dépassé en 2018 les 65 milliards de dollars, selon l'Institut de recherche pour la Paix de Stockholm. 

Face à une telle menace "il faut un système de défense ultra-perfectionné, comme seul en dispose, je pense, un groupe aéronaval américain" organisé autour d'un des porte-avions de l'US Navy, assure auprès de l'AFP l'ancien chef d'un service français de renseignement, tenu au devoir de réserve. "C'est le pouvoir égalisateur de la technologie, qui permet à des gueux de pouvoir menacer de grandes puissances", s'indignait récemment un haut gradé de l'armée française, sous couvert d'anonymat. "Nous sommes défaits par des engins de 250 kilos, comme nous sommes défaits par des mines au Mali".

Les dégâts infligés par les rebelles houthis à l'Arabie saoudite illustrent la quasi-impossibilité pour les autorités, même très averties et impliquées sur le sujet, de faire face à des attaques de drones soudaines et protéiformes. Et si les sites sensibles sont protégés par des radars et fusils brouilleurs, des drones autonomes, programmables et insensibles au brouillage GPS commencent à faire leur apparition.

Elsa Trujillo avec AFP