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Après un échec retentissant, les bitcoins reviennent en bureau de tabac

Le service de vente de bitcoins de Keplerk se relance ce 7 octobre.

Le service de vente de bitcoins de Keplerk se relance ce 7 octobre. - Keplerk.

Moins de deux mois après son lancement, début janvier 2019, la société Keplerk avait dû suspendre son offre de vente de bitcoins auprès des buralistes. Le service reprend ce jeudi 10 octobre dans les bureaux de tabac.

Des paquets de cigarettes, des jeux à gratter et des cryptomonnaies. À partir de ce jeudi 10 octobre l'offre de vente de bitcoins de Keplerk reprend du service dans les bureaux de tabac français, annonce l'entreprise à BFM Tech. Dévoilé en novembre dernier, le dispositif avait été déployé en janvier 2019 avant d'être suspendu moins de deux mois plus tard, le 27 février dernier. 

Les clients de Keplerk pourront acheter du bitcoin chez leur buraliste par coupons de 50, 100 ou 250 euros. Cette commercialisation s'effectue pour l'heure sans cadre réglementaire, dans la mesure où le bitcoin ne constitue pas un actif financier au sens légal du terme.

L'intérêt d'un tel dispositif ? Un complément de revenus et un coup de pouce en termes d'image pour les bureaux de tabac; un moyen simple et efficace pour les curieux d'acquérir la plus connue des devises numériques, en contournant les plateformes d'achat classiques, aux composantes techniques souvent dissuasives. En tout, 5.200 bureaux de tabac pourront être concernés pour ce second lancement, promet l'entreprise. Tous sont équipés d'un terminal de paiement de la société Bimedia, dont Keplerk est partenaire. 

"Victime de son succès"

Pour justifier la suspension de son service en février 2019, Keplerk invoque le fait d'avoir été "victime de son succès". L'un des principaux problèmes avait en réalité trait à de trop longs délais de transaction. "Certaines personnes mettaient jusqu'à huit heures pour recevoir leurs bitcoins sur leurs portefeuilles numériques", relève ainsi Adil Zakhar, PDG de l'entreprise.

"Le produit marchait bien, mais du jour au lendemain les ventes ont été suspendues. Je n'ai plus eu de nouvelles du prestataire" explique de son côté un buraliste concerné, à BFM Tech.

Les délais de transaction ont depuis été raccourcis. La commission prélevée sur chaque transaction a, elle, été abaissée de 7% à 5,5% pour les coupons de 250 euros. Keplerk a abandonné l'idée de commercialiser une autre cryptomonnaie, l'ether, pour se concentrer uniquement sur le bitcoin. Pour son retour, la cryptosociété a fait peau neuve, avec une nouvelle identité numérique et un nouveau logo.

Les commentaires associés à son application ont par ailleurs disparu sur Google Play et l’App store. De quoi masquer les critiques jusqu'alors formulées à propos de son service, ainsi que les commentaires rédigés avant même son lancement. 

Digycode, premier dans la course

Si Keplerk retente sa chance, la PME ne fait que marcher sur les traces de Digycode, une autre entreprise française ayant lancé un service de vente de bitcoins en bureaux de tabac, dès 2017. La société revendique aujourd'hui 10.000 établissements partenaires, dont des stations-services, et 200.000 à 300.000 euros de chiffre d'affaires par mois. En février, à la suspension du service de Keplerk, une source interne avait fait part à Capital de bénéfices avoisinant seulement les 2.500 à 3.500 euros par semaine, auprès d'une soixantaine de buralistes. Un succès très mesuré.

Le 1er juin 2018, Digycode a par ailleurs dressé un procès-verbal, dont BFM Tech s'est procuré une copie, à l'encontre de l'ancêtre de Keplerk, "Paysafebit". La raison: une copie quasiment mot pour mot de "ses conditions générales de vente sur son site Internet". "Nous n'avons à ce jour reçu aucune réponse de la part de Keplerk", note Christopher Villegas, PDG de Digycode.

Des actifs risqués

Dans ce contexte houleux, faut-il se risquer à aller acheter des bitcoins en bureau de tabac? L'opération reste a priori sans danger et peut constituer un premier pas vers les cryptomonnaies, à raison d'investissements limités. Les autorités invitent, elles, à la prudence. En novembre dernier, l'Autorité des marchés financiers (AMF), la Banque de France et l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) avaient mis en garde les consommateurs contre "les risques associés à un investissement sur ces actifs spéculatifs, peu adaptés aux profils d'investisseurs particuliers non avertis". 

Le bitcoin, souvent associé à d'alléchantes perspectives financières en raison de son cours très volatil, s’achète en temps normal sur des plateformes Web dédiées à cet effet. Ces dernières se prêtent encore peu aux attentes du grand public. Des comptoirs d'achat, à la manière de celui de Coinhouse, anciennement "Maison du Bitcoin", ont donc fleuri pour permettre aux détenteurs de bitcoins en herbe de trouver des réponses à leurs interrogations. Les bureaux de tabac, eux, seront exemptés de telles recommandations.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech