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Apple a-t-il supprimé des applications qui lui faisaient trop de concurrence?

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- - GREG BAKER / AFP

Une enquête du New-York Times suggère qu'Apple a supprimé des applications qui aidaient les utilisateurs à être moins dépendants de leur smartphone pour mettre en avant sa propre solution. Mais Apple explique que certains outils étaient de vrais aspirateurs de données.

Apple supprimerait-il de son magasin d’applications celles qui marchent sur ses plates-bandes? Une enquête du New-York Times publiée samedi et intitulée "Apple s'attaque aux applications qui combattent la dépendance à l'iPhone" le suggère. Le quotidien américain a échangé avec plusieurs développeurs d'applications qui aident à limiter le temps passé sur son smartphone et à contrôler celui de ses enfants. Certaines existent depuis plusieurs années. Mais avec iOS 12 (septembre 2018), Apple a introduit une fonction similaire appelée "Temps d’écran". L’application dédiée devrait sortir très prochainement. 

Un délai de 30 jours pour modifier son application 

Au cours de l’année passée, Apple aurait supprimé 11 des 17 applications les plus populaires dans cette catégorie, selon une étude réalisée par le quotidien et l’analyste Sensor Tower. L’entreprise aurait également mis la pression sur certaines applications moins populaires.

Suren Ramasubbu, le fondateur de Mobipic, a ainsi été enjoint de modifier son application de contrôle parental sous 30 jours, sous peine d’être retirée de l’App Store. Comme seule justification, Apple a invoqué une "mauvaise utilisation" des API, l’interface de programmation qui permet à un logiciel d’offrir ses services à d’autres logiciels.

Malgré les nombreuses relances de Suren Ramasubbu pour savoir exactement ce qui posait problème, il affirme qu’Apple n’a jamais donné suite et simplement supprimé son application de l’App Store une fois le délai de 30 jours passé.

Des applications gourmandes en données 

Est-ce vraiment pour écraser la concurrence qu’Apple a agi de la sorte? L’entreprise s’est défendue auprès du journal, puis dans un long communiqué. Apple explique avoir récemment découvert que ces applications utilisaient massivement les outils MDM -pour Mobile Device Management.

Un dispositif normalement alloué aux entreprises qui permet de gérer la flotte de smartphones de ses salariés, de la même manière que pour les ordinateurs de bureaux. Hors, cet outil permet de récolter une grande quantité de données sensibles. Il est par exemple possible d’accéder à l’historique de navigation, à la localisation de l’appareil ou encore de gérer les autorisations d'activation de la caméra.

"Il est très risqué -et c'est une violation de la politique de l'App Store- qu’une entreprise privée, axée sur le consommateur, installe le contrôle MDM sur l'appareil d'un client. Au-delà du contrôle que l'application elle-même peut exercer sur l'appareil de l'utilisateur, la recherche a montré que les profils MDM pourraient être utilisés par des pirates pour accéder à l’appareil à des fins malveillantes", détaille Apple dans son communiqué. 

"Ce n'est pas une question de concurrence"

Pour aider un utilisateur à limiter le temps passé sur son iPhone ou à contrôler ce que fait son enfant, l'application doit effectivement accéder à l'intégralité du smartphone. Les données sensibles des utilisateurs peuvent donc être mises en danger. 

"Apple a toujours pris en charge les applications tierces sur l'App Store qui aident les parents à gérer les appareils de leurs enfants. Contrairement à ce qu'a rapporté le New York Times ce week-end, ce n'est pas une question de concurrence. C'est une question de sécurité.", a conclu Apple. 
https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech