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Comment VLC est devenu "le logiciel français le plus utilisé au monde"

Logiciel libre lancé en 1996, le lecteur multimédia VLC vient de passer un cap important et dévoile ses projets pour l'avenir.

C'est "le logiciel français le plus utilisé au monde". Ce logiciel, c'est VLC, pour VideoLAN Client, un lecteur multimédia libre et gratuit, qui vient de dépasser les 5 milliards de téléchargements (+2 milliards par rapport à 2019). Préinstallé sur beaucoup d'ordinateurs, il est également conseillé par le gouvernement dans la liste des logiciels libres.

De projet étudiant à logiciel libre

Représenté sous la forme d'un petit cône de chantier - qui fut à la base utilisé pour signifier que le logiciel était encore en développement, VLC apporte plusieurs codecs utilisés pour lire des vidéos, mais aussi des musiques, ajouter des sous-titres, et profite aussi d'un développement très actif. Il est aussi disponible sur la plupart des plateformes, dont iOS, Android, Linux, Windows et Mac.

"A l'origine, c'est simplement un projet étudiant", confiait son créateur Jean-Baptiste Kempf à Capital en 2019, né d'une volonté commune de plusieurs étudiants de s'affranchir des règles de l'Ecole Centrale en matière de loisirs, et de se lancer dans un logiciel permettant le lire "pratiquement tous les formats." Au fur et à mesure des années, VLC évolue considérablement, prenant en charge de plus en plus de codecs sans se soucier encore de sa viabilité économique.

Arrivé au cœur du projet en 2003, alors qu'il n'a que 20 ans, Jean-Baptiste Kempf imagine alors un mode de financement via la création d'une entreprise, Videolabs: "On vend des services et des améliorations du logiciel, mais VLC, qui est le produit de l'association VideoLAN, reste un logiciel gratuit. Le projet n'est pas dénaturé."

"Briser les monopoles"

Aujourd'hui, la VideoLAN Organization construit son avenir, avec notamment l'intelligence artificielle.

Invité de l'émission Tech&Co, son créateur Jean-Baptiste Kempf a expliqué sa volonté de proposer des sous-titres automatiques grâce à l'IA: "Aujourd'hui, on travaille sur plusieurs choses, notamment l'IA avec les sous-titres automatiques et la traduction automatique, mais sans utiliser ce que fait tout le monde via un service hébergé. Je veux que tout soit fait en local. Je ne veux pas qu'il y ait une dépendance à un service, qui, comme tous les services, va un jour s'arrêter." Un projet important dont il n'a toutefois pas souhaité détailler le déploiement auprès du grand public.

Le Français de 41 ans, qui fut également directeur technique de la plateforme de PC dans le nuage Shadow, veut également continuer à "briser [les] monopoles", notamment dans le milieu de la diffusion de chaînes de télévision. Mais le travail s'annonce long et fastidieux, les acteurs du milieu n'ayant pas l'habitude de se laisser faire gratuitement.

Mais VLC a plus d'un tour dans son sac. Au milieu des années 2000, des "greffons" avaient été développés pour permettre à VLC de lire des fichiers Quicktime et WMA, propriétaires, sans devoir passer par les solutions d'Apple et de Microsoft.

Sylvain Trinel