Tech&Co
Tech

Vidéos non consenties, contrôle de l'âge: en pleine tourmente, le site Pornhub perd son PDG

Le site pornographique Pornhub.

Le site pornographique Pornhub. - AFP

Deux cadres du site pornographique ont annoncé leur démission soudaine, alors qu'il fait, depuis de nombreuses années, l'objet de plusieurs accusations.

Alors qu'il fait face à des menaces de blocage en France, le site pornographique Pornhub vient de perdre son PDG, Feras Antoon, qui a démissionné ce mercredi 22 juin, selon le média américain Variety. David Tassillo, directeur des opérations de la plateforme, a également annoncé sa démission.

Ces départs surviennent alors que site web est dans la tourmente, cumulant de nombreuses accusations depuis quelques années. Parmi celles-ci, un accès trop facile pour les mineurs, mais aussi un manque de modération entraînant la présence sur la plateforme de vidéos liées à des violences sexuelles et sexistes.

Les deux démissionnaires avaient été entendu, en 2021, par une commission parlementaire canadienne pour faire face aux problématiques de modération reprochées à la plateforme.

Affirmant l'efficacité de leurs outils, ils avaient notamment indiqué que "quand un contenu est supprimé, [...] nous créons désormais automatiquement une empreinte numérique, et lorsque quelqu'un tente de rediffuser ce contenu, il est bloqué", rapporte le quotidien Le Monde.

Un article du New Yorker, paru le 13 juin, met pourtant en lumière les failles profondes de ce système. Avec des millions de vidéos disponibles, Pornhub est l'un des sites les plus consultés au monde.

Plaintes en cascade

De nombreuses femmes, ces dernières années, ont porté plainte conte l'entreprise après avoir trouvé des vidéos d'elles, tournées à leur insu, dans des situations de violences sexuelles, dont certaines dans le cadre conjugal. Une plainte en particulier, émise par 34 femmes accusant la plateforme d'héberger des vidéos de viols dont elles ont été victimes, avait eu un certain écho médiatique.

L'article du New Yorker indique que la plateforme a par exemple hébergé, pendant des années, des vidéos à caractère pédopornographique mettant en scène des enfants ou adolescents non consentants.

L'une des témoins, anonyme, indique avoir été victime de chantage aux photos lorsqu'elle avait 15 ans. Les photos et vidéos à caractère sexuel la mettant en scène se sont rapidement trouvées à la fois sur les réseaux sociaux, mais également sur Pornhub.

Signalements inefficaces

Malgré ses demandes incessantes et répétées, les vidéos n'ont jamais été bloquées de manière efficace, refaisant surface régulièrement malgré ses signalements - indiquant qu'elle était alors mineure.

En 2020, une activiste luttant contre le trafic d'êtres humains - et spécialisée sur la question de la modération des sites pornographiques, a fait un test afin d'évaluer la facilité avec laquelle il est possible de publier du contenu sur Pornhub.

Après avoir créé une fausse adresse email, elle a partagé une vidéo d'un coin peu lumineux de sa chambre, qui a immédiatement été accepté et hébergé par la plateforme, vraisemblablement sans qu'aucun contrôle ne soit effectué.

Ces problématiques ont coûté cher à Mindgeek, l'entreprise qui possède Pornhub, mais aussi d'autres sites pornographiques très populaires tels que Brazzers ou RedTube. L'entreprise a perdu nombre de précieux partenariats publicitaires ou bancaires - les paiements en carte bancaire étant désormais impossibles sur la plateforme.

En France, le CSA - désormais Arcom - a mis en demeure le site, aux côtés d'autres sites pornographiques, en raison du manque de mesures appliquées pour empêcher les mineurs d'y accéder. Une question épineuse, qui n'a toujours pas trouvé de réponse.

Victoria Beurnez