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TikTok: est-il si difficile de trouver un contenu sur les répressions en Chine comme l'affirme Emmanuel Macron?

Le chef de l’Etat n’a pas été tendre avec le réseau social chinois. Il a notamment dénoncé l’addiction des plus jeunes, la censure autour des Ouïghours ou encore la présence de propagande russe.

Les attaques d’Emmanuel Macron contre TikTok sont-elles fondées? Lors d’un déplacement dans la Vienne, le président de la République a estimé que la plateforme chinoise était “le premier perturbateur (psychologique)” chez les enfants et adolescents. Il a notamment critiqué une régulation politique des contenus de la part de Pékin.

“Je vous défie de trouver un contenu sur ce qu’il se passe au Xinjiang ou autre”, a notamment lancé Emmanuel Macron, dans des propos rapportés par l'AFP.

Plus de 235 millions de vues

Sauf que sur la plateforme, le mot-clé #Xinjiang cumule plus de 139 millions de vues. Si beaucoup n'abordent pas forcément le sujet de la situation de la population Ouïghours, d'autres l'évoquent directement. Réprimé dans la province chinoise, ce peuple, majoritairement musulman, est forcé de travailler, notamment pour l’industrie automobile ou textile.

D’ailleurs, le mot-clé #Uyghur est lui aussi alimenté en contenus. Les utilisateurs de TikTok ont visionné 235 millions de fois des vidéos comportant ce terme. Là encore, un tri est nécessaire, mais la situation du peuple - qui a fait l’objet d’une dénonciation à l’ONU - est largement abordée.

Même les récentes manifestations de la population chinoise ont été documentées sur TikTok. Alors que les employés d’iPhone City rejetaient fortement les mesures anti-Covid du gouvernement, ils en ont profité pour dénoncer leurs conditions de travail et leur salaires.

Toutefois, Emmanuel Macron a raison lorsqu’il parle d'une régulation de la plateforme par la Chine. Car dans le pays, l’application TikTok est largement censurée sur ces questions.

En 2019, les vidéos de manifestations à Hong Kong étaient particulièrement difficiles à trouver sur la plateforme. Sous couvert de rendre son contenu plus positifs, les images des événements ont été censurées. L'application avait alors été accusée de masquer les contenus peu favorables au gouvernement chinois.

Une propagande russe identifiée

Concernant les aspects de troubles psychologiques auprès des plus jeunes, plusieurs créateurs de contenus ont invoqué la préservation de leur santé mentale pour quitter TikTok. C’est, entre autres, le cas de Brody Wellmaker, parti cet été. Cette tendance semble néanmoins plus profonde et touche l’ensemble des réseaux sociaux. Car des effets néfastes sont bel et bien imputables aux plateformes, notamment chez les jeunes utilisateurs.

Enfin, le président de la République a dénoncé la présence de propagande russe sur TikTok. Emmanuel Macron se base peut-être sur un rapport de NewsGuard. L’entreprise est spécialisée dans la désinformation et sa propagation. Elle a montré que le groupe paramilitaire russe Wagner se servait du réseau social pour diffuser des vidéos d'exécution et de propagande, appelant à la violence envers les Ukrainiens.

Pierre Monnier