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Émeutes en Nouvelle-Calédonie: comment Tiktok a pu être bloqué par le gouvernement

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé l'interdiction de Tiktok en Nouvelle-Calédonie. Plusieurs mesures techniques permettent en effet de bloquer l'accès à la plateforme chinoise.

Alors que la question de l'interdiction des réseaux sociaux s'était posée lors des émeutes de 2023 dans l'Hexagone, elle trouve désormais une application concrète en Nouvelle-Calédonie, après plusieurs jours d'émeutes dans l'archipel.

Ce 15 mai au soir, le Premier ministre Gabriel Attal a notamment annoncé que le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, avait demandé "l'interdiction de Tiktok", avec l'instauration de l'état d'urgence.

Si en France métropolitaine, ce sujet aurait dû nécessiter un accord au niveau européen et la participation de l'ensemble des opérateurs, la situation en Nouvelle-Calédonie est bien différente.

"C’est en vigueur et ça fonctionne opérationnellement (uniquement sur les téléphones). C’est l’office des postes et des télécommunications de Nouvelle Calédonie qui intervient depuis hier pour bloquer les accès à l’application TikTok", précise le cabinet de Gabriel Attal à Tech&Co.

"Concernant les télécoms, la Nouvelle-Calédonie, c’est la France, mais ça ne dépend pas de l’Union Européenne, au même titre que la Polynésie, Wallis-et-Futuna ou Saint Pierre et Miquelon. On peut donc prendre des décisions localement, d'autant plus qu'il y a sur place un unique régulateur et opérateur local, l'Office des Postes et Télécommunications de Nouvelle-Calédonie, l'OPT-NC" explique Alexandre Archambault, avocat spécialisé en droit du numérique, à Tech&Co.

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Bloquer les connexions

Pour empêcher l'accès à Tiktok, l'OPT-NC serait alors invité à bloquer l'ensemble des adresses IP rattachées au réseau social ou de modifier le système de DNS, qui permet de relier un site web à son URL (l'adresse du site). Avec pour résultat l'impossibilité d'afficher l'ensemble des contenus de la plateforme, que l'on passe par une application pour smartphone, ou par un navigateur en ligne.

Mais comme le rappelle Nicolas Hervieu, juriste en droit public, le blocage des services de communication en ligne dans le cadre de l'état d'urgence est normalement prévu dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Un avis partagé par Alexandre Archambault, qui rappelle toutefois à Tech&Co que c'est au juge administratif d'apprécier la situation.

En plus de la légalité de la mesure, des questions peuvent également se poser concernant son efficacité. En cas de blocage d'un site par l'opérateur téléphonique local, des internautes pourraient être tentés de contourner la mesure en utilisant un VPN, ou en modifiant leurs paramètres de connexion.

Raphaël Grably