Test de l'Apple Vision Pro: le casque du futur est déjà là... mais pas pour tout le monde
Demain se dessine-t-il déjà aujourd'hui pour Apple? C'est en tout cas ce que la marque annonce en filigrane alors que son Vision Pro est déjà disponible aux Etats-Unis. Pour la France, il faudra encore officiellement attendre quelques mois, même s'il est déjà possible de se le procurer.
Nous avons pu passer quelques jours avec, non sans quelques contraintes: une interface en anglais, la nécessite d'un compte iCloud américain pour avoir accès à l'App Store dédié et limité.
Nous avions pu avoir un premier aperçu du Vision Pro en juin dernier lors de son intronisation pendant la conférence WWDC d'Apple. Mais l'appareil était déjà configuré. La configuration est en elle-même déjà une première étape impressionnante.
La première fois que l'on met le casque sur la tête, l'effet "waouh" est immédiat. Le célèbre "Hello" d'Apple, qui s'écrit alors sous vos yeux, dans notre environnement, montre déjà la prouesse technique réalisée. Tout apparaît fluide et naturel alors que l'on est finalement dans une réalité quelque peu alternative. Car le Vision Pro nous "enferme" et projette sur ses écrans micro LED ce que les caméras extérieures filment en couleur. Le subterfuge est absolu grâce à la qualité de l'image.
En mettant de côté le (gros) problème du poids du casque, on pourrait oublier que l'on se retrouve finalement dans un autre monde. L'accueil Apple ou les différents menus qui viennent se superposer flottent dans l'air sous nos yeux. La science-fiction au cinéma a peut-être normalisé un trucage qui semble devenir ici réalité.
Ici, pas de commandes ou manette. Et c'est là toute la prouesse d'Apple. Ce sont nos yeux et nos doigts qui nous guident. Il ne sert à rien de chercher à appuyer sur les icônes virtuelles avec le doigt: grâce à un suivi oculaire à la précision impressionnante, il suffit de regarder une application pour que la machine comprenne que l'on veut la sélectionner.
Pour l'ouvrir, il suffit alors de pincer le pouce et l'index. Un mouvement là aussi très bien détecté, qui vient remplacer le traditionnel clic.
Le persona, cet étrange autre
L'écran affiche alors un étonnant double numérique de vitre visage, grâce à une analyse de ses multiples caméras internes. La configuration se fait très simplement en plaçant le casque face à soi pour qu'il scanne notre visage. Bien que discutable, et probablement destiné à être affiné par de futures mises à jour logicielles, le rendu parvient à répliquer les principales spécificités de votre visage.
C'est notamment cet avatar en 3D qui sera utilisé lorsque vous appellerez vos proches en Facetime en utilisant le Vision Pro. Les capteurs intérieurs au casque s'occuperont en temps réel de suivre les mouvements des yeux et du haut du visage, tandis que les capteurs situés sous le casque traqueront votre bouche et le bas du visage.
Cela a quelque chose d'un peu effrayant, voire perturbant. Pour vous, mais surtout pour les autres. Ils verront alors cet étonnant personnage échanger avec eux lors des appels vidéo. Il risuqeront de constater que votre "persona" est un peu rigide (et habillé à tout jamais comme vous la première fois). L'option est ludique, futuriste, et ne demande qu'un peu de peaufinage visuel.
Un Vision Pro, pour faire quoi ?
Mais que fait-on une fois le casque sur la tête? Nous avons testé différentes applications et notamment écrit des articles sous Microsoft Word avec un clavier physique compatible (le clavier virtuel est trop difficile à manier pour être utilisé au quotidien).
Cela permet de travailler de manière confortable, surtout lorsqu'on associe son Macbook: le Vision Pro fait alors office d'écran supplémentaire, à la taille modulable, pour profiter du contenu de son ordinateur sans la limite d'un écran physique.
L'App Store est encore limité en applications véritablement compatibles. Nous avons pu nous amuser à regarder les étoiles, faire des listes avec Notes, créer des documents à partager avec Freeform, ou encore suivre des recettes de cuisine.
Le Vision Pro semble plutôt taillé pour des usages créatifs ou productifs nécessitant plusieurs écrans (composition musicale, montage vidéo, développement, etc.). Le reste est sympathique, mais nous a paru plus ludique qu'indispensable.
L'autre usage réellement séduisant concerne les amateurs de cinéma. Regarder un contenu en immersion totale, profiter d'un immense écran virtuel de grande qualité pour des films en 3D, ou bien jouer à des jeux prévus en réalité augmentée: tout fonctionne très bien.
On a pu essayer Disney+, premier partenaire streaming optimisé pour le Vision Pro, avec même la possibilité de "s'installer" comme dans une salle de cinéma au milieu de décors (Tatooine, l'usine de Monstres & Cie…). Pour le divertissement, c'est parfait.
Les services réfractaires comme Netflix, Prime Video et bien d'autres restent accessibles en passant par Safari. Bonne nouvelle: ça fonctionne impeccablement.
Les contraintes
Malgré sa prestation technique, le Vision Pro d'Apple est bien loin d'être un futur produit de masse. Déjà en raison de son prix (3500 dollars outre-Atlantique, probablement autour des 4000 euros lors de sa sortie en France). Si son design est très haut de gamme, l'appareil se révèle lourd sur l'avant du visage, avec des écrans et un châssis en aluminium qui pèsent. Cela empêchera notamment de le garder trop longtemps sur la tête pour travailler.
Il est certes moins lourd que d'autres, mais c'est aussi parce que sa batterie est déportée au bout d'un fil. Ce qui, pour certains, pourra paraître comme une hérésie esthétique et ergonomique pour un produit Apple. Surtout, cela ne laisse pas une autonomie très importante à cet "ordinateur du futur" (1h30 à 2h). On est encore loin de pouvoir l'utiliser pendant une journée de travail, ou un après-midi de détente.
Si le Vision Pro peut se lier à l'iPhone (pour se configurer plus rapidement), la liaison s'arrête quasiment là. Le Vision Pro ne détecte pas vraiment le smartphone quand on le regarde. Il faudra, par exemple, taper le code pour le déverrouiller. Le problème sera sûrement réglé, à l'avenir. Mais en attendant, il est frustrant que l'écosystème d'Apple n'offre pas plus de passerelles entre les deux appareils.
De même, pour Apple Music ou TV+, la synchronisation ne s'opère pas pour les favoris et playlists. Il nous a également été impossible d'ajouter notre compte Apple Arcade pour profiter des jeux, mais cela est peut-être dû à l'incompatibilité entre un compte américain pour l'App Store et français pour iCloud.
Conclusion
L'Apple Vision Pro est indéniablement une prouesse technologique dans son approche de la réalité virtuelle/mixte. Le suivi des yeux et des doigts est impressionnant, la superposition de l'environnement Apple bluffant de naturel. Le plus étonnant est la facilité avec laquelle tout se prend en main. Mais le produit a aussi les limites de sa jeunesse, comme l'iPhone ou encore l'Apple Watch en leur temps: le grand public peut-il en prendre déjà possession?
A-t-on vraiment envie de travailler des heures avec le casque sur la tête, coupé du monde? Pour beaucoup, et pour l'heure, la réponse sera non. Les principaux freins ont pour avantage d'être plutôt évidents: le poids, trop important, et l'autonomie, trop limitée.
Apple a démontré que son casque Vision Pro avait un potentiel immense. Mais le défi est loin d'être terminé, avec des évolutions techniques aussi indispensables que complexes pour le futur. Ceux qui en ont les moyens peuvent avoir l'assurance que l'expérience sera bluffante, à défaut, probablement, de s'imposer dans leur quotidien. Pour le commun des mortels, le produit reste avant tout l'immense promesse de franchir un nouveau cap technologique dans les prochaines années.
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