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Télécoms: pourquoi l'Europe s'inquiète de la percée des chinois Huawei et ZTE

Huawei est devenu le second vendeur de smartphones en Europe.

Huawei est devenu le second vendeur de smartphones en Europe. - WANG Zhao / AFP

Une note interne, récupérée par Politico, fait état d'une série de questions de sécurité soulevées par la présence grandissante des entreprises chinoises Huawei et ZTE sur le territoire européen.

Huawei et ZTE font une percée en Europe et cela n'est pas sans inquiéter la Commission européenne. Une note interne, récupérée par Politico, passe en revue les problèmes posés par la présence grandissante de ces entreprises chinoises.

Intitulé "Eléments de contexte: Questions de sécurité concernant les fabricants d'équipement de télécommunication chinois Huawei et ZTE", le document de trois pages mentionne la présence probable de "backdoors", ou portes dérobées qui permettent de récupérer des informations confidentielles, dans les équipements de ces deux entreprises. 

Surtout, les experts pointent du doigt leur succès et la domination qu'elles pourraient exercer à terme sur le marché. "Si Huawei et ZTE continuent à croître au rythme actuel, ils domineront bientôt le marché et feront table rase de leurs principaux concurrents", est-il ainsi mentionné. 

Un poids grandissant

Avec ses produits bon marché, Huawei a pris d’assaut le marché européen. Le groupe chinois est désormais le deuxième vendeur de smartphones en Europe devant Apple et a noué des partenariats avec les plus grands opérateurs télécom, dont Deutsche Telekom ou Telefonica. Par ailleurs, Huawei fait partie d'un groupe de décision européen baptisé 5G PPP, qui pèse sur la standardisation à venir de la 5G.

Or, l'Europe veut préserver sa souveraineté et s'en remettre a minima aux entreprises étrangères dans le déploiement de cette technologie plus rapide que la 4G. Fin août, l'Europe a accordé un prêt de 500 millions d'euros à Nokia, une entreprise finlandaise, pour lui éviter d'être distancée par Huawei dans l'installation du réseau mobile du futur.

Pour étayer son propos, la note rappelle les inquiétudes exprimées par "de nombreux autres pays, dont les Etats-Unis et l’Australie" au sujet de la sécurité des produits et services de Huawei et ZTE, et les soupçons de subventions étatiques qui pèsent sur ces deux groupes. 

La Commission européenne a confirmé auprès de Politico l’existence de ce document, qui ne constitue pas une position officielle mais une base de travail pour ses experts. Elle n’en dévoile néanmoins pas le contenu, pour éviter de "heurter la préservation des relations internationales et des intérêts commerciaux", rapporte le média. Les allégations qu'elle contient sont en effet à charge et ont été démenties par Huawei. "Huawei est un partenaire clé pour la transformation numérique de l’Europe et jouit d’excellentes relations de travail avec les institutions européennes", fait valoir un porte-parole de l’entreprise. "En tant qu’entreprise privée à 100%, nous ne recevons de traitement préférentiel de la part d’aucun gouvernement."

Fin août, les autorités australiennes ont exclu les firmes chinoises Huawei et ZTE des contrats de mise en place de la future infrastructure 5G du pays. A quelques jours d'intervalle, Donald Trump a également banni les produits Huawei et ZTE de l'administration américaine. En cause, une question de "sécurité nationale". 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech