Sur Facebook, la désinformation d’extrême-droite suscite le plus d’engagement
Facebook, catalyseur des extrêmes? Si la plateforme a pris des mesures afin de prévenir la diffusion de fausses informations lors de l’élection présidentielle de 2020, les publications mises en ligne par les partisans d’extrême-gauche et d’extrême-droite ont pris le dessus, révèle une étude menée par l’université de New York et relayée par CNN. Entre ces deux blocs, l’extrême-droite a en revanche profité d’une bien plus grande popularité, surtout lorsqu’il s’agissait de fausses informations.
8,6 millions de publications étudiées
Pour établir la popularité d’une publication, l’étude en question s’est portée sur le taux d’engagement, reposant sur l’ensemble des interactions suscitées: nombre de “likes”, de commentaires ou encore de partages. Au total, quelque 8,6 millions de publications ont été étudiées. Elles ont été publiées entre le 10 août 2020 et le 11 janvier 2021 par 3.000 comptes publiant des contenus d’actualité.
Ces derniers ont été répartis en cinq catégories: extrême-droite, droite, centre, gauche, extrême-gauche. A chaque fois, un tri a été effectué entre des publications contenant une information authentique et celles qui contenaient une fausse information. Afin d’établir un classement, les chercheurs ont évalué le nombre d’interactions par millier d’abonnés.
Selon les chiffres calculés, les publications mensongères de l’extrême-droite arrivent largement en tête, avec en moyenne plus de 400 interactions par millier d’abonnés. Elles devancent les publications d’extrême-droite contenant des informations vérifiées, avec environ 250 interactions pour mille.
Ces publications ont connu trois pics de popularité: début septembre, le jour du scrutin et le 6 janvier, jour de l’invasion du Capitole. D’après des chiffres étudiés par BFMTV, trois des publications les plus populaires sur Facebook au 6 janvier 2021 émanaient de Donald Trump, qui avait par ailleurs mis en ligne les cinq publications les plus populaires du réseau social début novembre, lors du scrutin.
Extrême-droite: “prime” à la désinformation
Mais alors que l’extrême-droite bénéficie d’une “prime à la désinformation”, l’extrême-gauche voit ses publications mettant en avant des informations vérifiées plus populaires que les publications mensongères, avec 150 interactions pour mille contre 60 interactions pour mille.
Le bilan est le même pour les autres publications, cette fois émanant de pages plus modérées (droite, gauche, centre), avec des contenus mensongers toujours moins performants que les contenus vérifiés.
Comme le rappellent les auteurs de l’étude, ils ont dû composer avec certaines limites liées au manque de partage de données de Facebook. Si la plateforme rend public le nombre d’interactions des contenus, elle ne met pas à disposition le nombre d’impressions, à savoir le nombre de fois où un internaute a été exposé d’une manière ou d’une autre à un contenu sur Facebook.
A leurs yeux, il est désormais nécessaire de comprendre la raison de cette “prime à l’extrême-droite” (et de la “prime à la désinformation” qui en découle) sur Facebook, notamment s’agissant du rôle des algorithmes de la multinationale dans ce phénomène.