Airpods, Galaxy Buds... Les écouteurs intra-auriculaires sont-ils dangereux pour la santé?

S’insérant directement dans les oreilles, les écouteurs intra-auriculaires permettent de se couper du monde, mais leur utilisation peut avoir un impact sur la santé auditive.

A la maison, au travail, dans les transports... Les écouteurs intra-auriculaires, comme les AirPods, sont utilisés partout. Conçus pour tenir à l’intérieur des oreilles, ils offrent une expérience sonore immersive en isolant leur porteur des bruits extérieurs. Des avantages qui peuvent se faire au détriment de la santé auditive.

Un danger lié aux usages

Ces dommages auditifs sont davantage liés à l’utilisation des écouteurs intra-auriculaires et non à l’appareil lui-même. Dès lors qu’un usage correct est respecté (ne pas écouter de la musique trop fort, faire des pauses lors de sessions d’écoute prolongées...), le risque de détérioration des tympans, et donc de l’audition, n’est pas plus grand avec ce type d’écouteurs qu’avec un casque. 

Pour une écoute sans risque, l’Organisation mondiale de la santé recommande d’ailleurs un niveau sonore maximal de 100 décibels. Des constructeurs de smartphones envoient aussi des alertes lorsqu’on écoute de la musique, un podcast ou un autre type de contenu trop fort, indique Nils Morel, ORL et président du syndicat des ORL, à Tech&Co. 

"Le fait de porter des écouteurs, tout comme des bouchons pour se protéger des bruits la nuit, peut irriter la peau et favoriser la formation d’amas de cérumen", prévient-il.

Cette sorte de cire est un lubrifiant naturel qui protège le conduit auditif et protège des infections, en aidant à éliminer des microbes, des bactéries ou encore des insectes. Mais, une accumulation de cérumen, soit un bouchon, peut provoquer une baisse d’audition, des acouphènes, mais aussi des vertiges et des irritations, explique l’Assurance maladie sur son site. 

Il peut ainsi être mieux de porter un casque qui, contrairement aux écouteurs intra-auriculaires, "n’irrite pas le conduit auditif et élimine le risque de bouchon", déclare Nils Morel. "Écouter fort au casque n’est pas mieux que d’écouter fort aux écouteurs", souligne cependant l’ORL. 

Les risques d'un port prolongé

Le port d’écouteurs intra-auriculaires peut aussi causer des problèmes de peau. "Quand on met des écouteurs en permanence, c’est comme si on fermait le contact avec l’air. C’est comme lorsqu’une personne sent des pieds. Cela se produit lorsqu’elle porte des chaussures fermées tout le temps", explique Catherine Gaucher, dermatologue et membre du syndicat des dermatologues.

Le problème, c’est que le microbiote des oreilles, soit l’ensemble des micro-organismes (bactéries, etc.) qui y vivent, est adapté à l’environnement de chacun. Les personnes souffrant d’eczéma vont ainsi développer des maladies propres à leur microbiote. Comme les personnes atteintes de psoriasis (maladie inflammatoire de la peau qui évolue par poussées de plaques rouges qui desquament), elles sont plus sujettes aux réactions dans le conduit auditif (démangeaisons, croûtes, etc.). Mais ces problèmes, qui obligent certains à retirer les écouteurs, peuvent toucher tout le monde, précise Catherine Gaucher.

La peau est en effet un organe "sentinelle", qui détermine ce qui entre ou pas dans le corps. Plus précisément, ce sont des cellules immunitaires, dites “sentinelles”, qui parcourent les tissus épithéliaux qui, eux, forment la surface de la peau. Elles réagissent en premier à l’entrée d’un élément étranger dans l’organisme et peuvent initier des réponses immunitaires.

"Lorsque la peau est endommagée, le système entre en contact avec des choses auxquelles il n’est pas censé être en contact. Les cellules sentinelles vont déclencher un 'plan Vigipirate' et annoncer au système immunitaire 'Attention, nous sommes en danger' pour éliminer l’envahisseur", explique Catherine Gaucher, ajoutant que ces précisions de défense peuvent provoquer de l’urticaire ou encore un choc anaphylactique.

Des matériaux allergènes

A cause des matériaux avec lesquels ils sont conçus, les écouteurs intra-auriculaires peuvent en outre provoquer des réactions allergiques (rougeurs, démangeaisons, etc.), comme l’explique le magazine 60 millions de consommateurs dans un article publié en octobre dernier.

Ce sont surtout les acrylates, polymères utilisés dans de nombreux produits pour leurs propriétés adhésives (colle, vernis à ongles...), qui causent des allergies. "Les AirPods, les AirPods Pro, les AirPods Max, les EarPods et les casques et écouteurs Beats contiennent des traces d’acrylates et de méthacrylates provenant des adhésifs. (...) Certaines personnes peuvent y être sensibles, ou développer une sensibilité après une exposition prolongée", prévient sur son site d’assistance.

Ces polymères sont aussi présents dans les Galaxy Buds et Buds Pro de Samsung. A noter que d’autres matériaux peuvent provoquer des réactions allergiques, comme le nickel.

Face à ces risques, Catherine Gaucher recommande de ne pas utiliser trop souvent des écouteurs intra-auriculaires, mais aussi de "rester sobre" par rapport à ce que l’on met dans les conduits auditifs car "les oreilles ne sont pas faites pour toujours avoir quelque chose à l’intérieur".

Kesso Diallo