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Qui est Oussama Ammar, ex-"roi de la tech" et cible de moqueries sur TikTok?

L’entrepreneur, au coeur d’une affaire judiciaire complexe, a connu une nouvelle notoriété pour ses histoires personnelles rocambolesques.

L’histoire a déjà fait le tour des réseaux sociaux. Accompagné d’une amie "mega-belle", Oussama Ammar fait licencier d’un simple coup de fil un videur qu’il lui refusait l’entrée d’un lieu. Le même homme assure également avoir fait la fête avec les yakuzas au Japon, et une partie de poker avec leur chef.

Ces anecdotes, compilées en quelques dizaines de secondes et partagées à n’en plus finir sur TikTok ou Instragram, ont mis en lumière auprès d’un nouveau public l’entrepreneur, star controversée de la French Tech. Difficile, effectivement, de ne pas y voir l’imagination féconde de Serge le Mytho, personnage campé par Jonathan Cohen sur Canal+, qui racontait, épisode après épisode, des récits toujours plus lunaires pour attirer maladivement l’attention vers lui.

Yakuzas et Colombiens

Mais Oussama Ammar se moque bien des railleries. "Ces histoires peuvent paraître farfelues, mais elles vous arrivent quand vous avez décidé de vivre avec intensité comme moi" assurait-il récemment auprès du Figaro. Oui, il a bien joué au poker avec un chef yakuza. Oui, il est bien allé récupérer son passeport volé par mégarde par "les Colombiens".

Parfaitement conscient de cette nouvelle popularité sur les réseaux sociaux, il s’est récemment lancé dans de nouvelles vidéos invraisemblables, mélangeant Leonardo DiCaprio, le Taj Mahal et Hollywood, avant de reconnaître - cette fois - que tout était inventé. Une manière de brouiller les pistes sur sa vie et son rapport à la vérité, avec une pointe d'autodérision.

Car sur le terrain judiciaire, ce qu’il a fait ou ce qu’il n’a pas fait est justement au coeur d’une enquête hors normes. A Paris, à Londres, aux Caïmans et même en Normandie, Oussama Ammar est cité dans une affaire qui assombrit l’aura de l’ancien "roi de la French Tech".

Source d'inspiration

Né au Liban, l’entrepreneur a grandi en France. Armé d’un sens de la formule et d’une inébranlable confiance en lui, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 35 ans, fera partie des précurseurs de la "startup nation" à la française.

"J’étais un entrepreneur assez moyen qui s’est rendu compte qu’il était plutôt doué à aider les autres à avoir de l’ambition, de la motivation" racontait-il le mois dernier dans une vidéo du coach Jeremy Kohlmann.

Avec deux associés, Alice Zagury et Nicolas Colin, il fonde The Family en 2013 un incubateur de startup tricolore. "Pendant dix ans, on prenait 100 boîtes par an, 5% de leur capital et on aidait tout ce qu’on pouvait pour les aider à réussir" explique-t-il aujourd’hui.

Charismatique, Oussama Ammar a aussi un don pour raconter les choses. Ses conférences deviennent des sources d’inspiration pour les entrepreneurs qui gravitent dans la French Tech. The Family en devient l’épicentre, et Oussama Ammar l'une de ses principales figures.

Contre-feux

Mais la pandémie va provoquer un tournant. "Après le Covid, j’ai perdu un peu la passion de ce métier" explique celui qui est aujourd’hui à la tête d’un fonds d'investissement dans les cryptoactifs, tout en ambitionnant de créer un studio de dessins animés.

Mais il doit surtout faire face à ses ex-associés, qui lui reprochent d’avoir détourné une partie de l'argent de The Family, pour son compte personnel. L’histoire est complexe, tentaculaire, passe par des paradis fiscaux et des véhicules financiers pointus.

Au total, Alice Zagury et Nicolas Colin reprochent à leur ancien comparse le détournement de 4,5 millions d’euros. L’argent, loin de servir aux startup ou aux investisseurs, aurait selon eux servi à financer les travaux d’un grand manoir en Normandie.

Le principal intéressé s’en défend. Au Monde, les avocats d’Oussama Ammar dénoncent même des “contre-feux judiciaires” qui “visent à masquer le véritable incendie: la propre incurie des plaignants”.

“Les anciens associés d’Oussama Ammar sont bien conscients de leurs négligences dans la surveillance et la gestion de The Family, et ont vu en notre client, personnage hors normes et controversé, le coupable idéal” affirment-ils.

En attendant les différents procès, Oussama Ammar partage sa vie entre ce fameux manoir normand et Dubaï. Toujours adulé par une grande partie des entrepreneurs en herbe ou des coachs de vie en tous genres, il a visiblement levé le pied sur ses fameuses anecdotes.

"On a l’exposition qu’on mérite, c’est le jeu" lâche -t-il avec une pointe de regret dans sa vidéo avec Jeremy Kohlmann.

Mais en gardant en tête son mantra d’évangélisateur, sourire en coin: "ne jamais tuer une bonne histoire".

Thomas Leroy Journaliste BFM Business