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"Il me restait quatre ans pour trouver une bonne idée": comment le fondateur de GoPro a inventé sa caméra embarquée

De passage sur le plateau de Tech&Co, Nick Woodman raconte les prémices de son entreprise qui repose sur une idée simple mais révolutionnaire.

Teint hâlé, cheveux longs et sourire impeccable… A bientôt 50 ans, Nick Woodman a tout l'attirail du surfeur californien. C'est d'ailleurs armé de sa planche que le patron de GoPro a eu l'idée de sa mini-caméra.

De passage à Paris pour présenter le nouveau produit de sa gamme - la GoPro Hero 12 Black, il se remémore ainsi la naissance de la première GoPro, esquisse de ce qui deviendra la référence pour les sportifs.

"J'ai toujours voulu être un entrepreneur et je m'étais donné jusqu'à l'âge de trente ans pour atteindre le succès" raconte-t-il sur le plateau de Tech&Co. "Et à vingt-six ans (en 2002, ndlr), il me restait quatre ans pour trouver une bonne idée d'entreprise."

Sans boulot et sans idées (mais pas sans argent, il est fils d'un banquier d'affaires), il se décide donc à quitter sa Californie pour aller surfer en Australie et en Indonésie. "L'inspiration est venue en préparant mon voyage" explique-t-il. "J'avais envie de documenter ce que je faisais, mes expériences de surf, mais il n'existait pas de caméra qui permettait de surfer et me filmer en même temps."

La première GoPro est rudimentaire. "C'était une caméra de 35 mm, une caméra de cinéma que l'on se mettait sur le poignet et on le vendait pour 20 euros dans les boutiques de surf" se souvient-il. L'engin fait quand même la taille d'un appareil photo jetable, coincé dans une boite en plastique hermétique. En réalité, la première GoPro était un appareil photo argentique!

La première GoPro fonctionnait avec une pellicule argentique
La première GoPro fonctionnait avec une pellicule argentique © Wikimedia

De retour de Bali, Woodman commence à vendre ses appareils un peu artisanaux, attachés sur des bracelets balinais ramenés de ses voyages. "Très vite, on a gagné assez d'argent pour améliorer nos produits. Notre première caméra en HD est sortie en 2009 et c'est vraiment là que tout a changé" se souvient-il aujourd'hui.

Car c'est bien avec la HD HERO, qui amène le fameux grand angle à 170 degrés, que GoPro va littéralement exploser. "Je ne pensais pas que ce serait un phénomène mondial comme cela" reconnait le fondateur. Mais avec cette caméra, devenue le symbole des sports à sensation, "on a touché une corde sensible chez les gens" glisse-t-il.

Mais atteindre un sommet implique souvent une redescente. Et les choses se compliquent pour l'entreprise. En 2014, elle entre en Bourse. "Il y avait énormément d'attentes" explique Woodman. Après un décollage phénoménal, le titre chute lourdement un an plus tard, sans jamais reprendre son envol depuis. La faute à une concurrence plus fense et surtout moins chère, mais aussi à des produits mal calibrés. Le drone Karma, lancé en 2016, sera abandonné. "C'était très difficile de faire des profits" souligne le patron.

Mais il veut croire aux perspectives de son entreprise, notamment grâce à l'avènement de l'intelligence artificielle qui va améliorer le traitement de l'image, surtout sur les caméras haut de gamme que vend GoPro. La GoPro Hero 12 Black, dernière-née, s'annonce d'ailleurs comme une nouvelle référence des caméras embarquées.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business