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Pegasus: un cadre de NSO affirme que Macron n'a pas été ciblé par le logiciel espion

Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie de remise de la Légion d'honneur au révérend Jesse Jackson, à l'Elysée le 19 juillet 2021

Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie de remise de la Légion d'honneur au révérend Jesse Jackson, à l'Elysée le 19 juillet 2021 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

L'entreprise israëlienne de cybersécurité, NSO, affirme qu'Emmanuel Macron n'a pas été ciblé par le logiciel Pegasus, comme l'affirment plusieurs médias.

Le géant israélien de cybersécurité NSO a soutenu mercredi que le président français Emmanuel Macron n'avait pas été ciblé par son logiciel Pegasus. Un scandale mondial d'espionnage éclabousse cette entreprise de cybersécurité israélienne depuis ce week-end.

Dimanche, des médias du monde entier ont publié des enquêtes sur un logiciel baptisé Pegasus, appartenant à la société NSO. A l'origine de ces articles: une liste de 50.000 numéros de téléphone, sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour être potentiellement surveillés, obtenue par les organisations Forbidden Stories et Amnesty International et transmise à un consortium de 17 médias.

Selon l'entreprise, ce logiciel qui s'introduit dans un smartphone pour permettre d'en récupérer les messages, photos, contacts, et d'activer à distances les micros, sert à aider les gouvernements à "démanteler les réseaux de pédophilie", de "trafic de drogue", et "à prévenir les attaques terroristes".

Problème, dans la liste obtenue par les deux organisations figurent des personnalités importantes comme le président français Emmanuel Macron, le roi du Maroc Mohammed VI et le Premier ministre pakistanais Imran Khan, tout comme plus de 180 journalistes à travers le monde.

NSO se dit victime d'une campagne "calomnieuse"

Le groupe basé à Herzliya, ville verdoyante au nord de Tel-Aviv, s'est dit victime d'une campagne "vicieuse et calomnieuse", et a annoncé dans un communiqué qu'il "n'allait plus répondre aux questions des médias" sur l'affaire Pegasus.

"NSO est une compagnie de technologie. Nous n'opérons pas les systèmes, ni n'avons accès aux données de nos clients, mais ils sont obligés toutefois de nous fournir ces informations en cas d'enquêtes", a ajouté le groupe disant que le fait qu'un nom apparaisse sur la liste des 50.000 "ne signifie pas nécessairement qu'il a été la cible de Pegasus".

Mercredi, Chaïm Gelfand, un haut responsable du groupe, a déclaré à la chaîne I24 news, basée à Tel-Aviv:

"Je peux vous affirmer avec certitude que le président Macron n'était pas une cible. [...] Il y a certains cas qui ont été révélés, qui nous gênent", a-t-il affirmé.

"Nous continuons à essayer de déterminer tous les faits et cela remonte à plusieurs années donc il faut du temps pour tout passer en revue. Le fait qu'un journaliste ou un militant ait été la cible d'un système comme celui-ci est automatiquement considéré comme un détournement", a-t-il ajouté.

L'entreprise assure se conformer à "toutes les réglementations internationales" et "enquêter minutieusement sur les antécédents de ses clients chaque fois qu'une commande est passée et avant la livraison de la solution".

RSF réclame un moratoire

L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a demandé mercredi au gouvernement israélien d'imposer dès à présent un moratoire sur la vente de ce logiciel espion.

Permettant non pas de protéger des systèmes informatiques, mais de les infiltrer, Pegasus est considéré comme un produit de cybersécurité offensif et doit donc obtenir le feu vert du ministère israélien de la Défense pour être vendu à des pays tiers, au même titre qu'une arme.

"Des logiciels développés par les firmes israéliennes comme Pegasus de NSO mettent clairement en cause l'Etat d'Israël. Même si les autorités israéliennes ne jouaient qu'un rôle indirect, elles ne peuvent échapper à leur responsabilité", a indiqué RSF dans un communiqué.

"Nous demandons au Premier ministre (israélien) Naftali Bennett d'imposer immédiatement un moratoire sur les exportations de technologies de surveillance tant qu'un cadre réglementaire protecteur n'a pas été établi", a déclaré le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.

Contacté, le bureau de Naftali Bennett, n'a pas répondu. Ancien ministre de la Défense qui a fait fortune dans la haute technologie avant de se lancer en politique, ce dernier a défendu mercredi ce secteur en plein essor en Israël sans commenter le dossier NSO.

"Pour chaque 100 dollars investis dans la cyberdéfense à travers le monde, 41 dollars sont investis dans des firmes israéliennes", a-t-il déclaré, attribuant la prospérité locale du secteur aux unités d'élite de l'armée qui servent d'incubateur pour les start-up locales.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil avec AFP Journaliste BFM Tech