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Les start-ups françaises battent tous les records

Voodoo a réalisé la plus grosse levée de fonds de 2018 en France

Voodoo a réalisé la plus grosse levée de fonds de 2018 en France - Voodoo

Avec 3,2 milliards d'euros levés en 2018, les start up françaises ont battu le record établi l'an dernier.

Les levées de fonds en France ont atteint un nouveau record, selon le décompte effectué le jeudi 3 janvier par le site spécialisé Maddyness. Selon le site, 3,2 milliards d'euros ont été levés en 2018, contre 2,3 milliards en 2017, soit +40%. Toutefois, le nombre de levées a diminué, passant de 689 à 657. Le montant levé par start up monte donc de 3,3 à 4,8 millions d'euros.

Le record est détenu par l'éditeur de jeux vidéo pour mobile Voodoo (171 millions d'euros). Deux autres ont levé plus de 100 millions: le service de musique en ligne Deezer (160 millions), et le site de co-voiturage BlaBlaCar (101 millions).​

Fin décembre, le directeur général de BPI France Nicolas Dufourcq avait annoncé dans un tweet des chiffres légèrement différents. Selon lui, les sommes levées avaient augmenté de +68%, réparties entre 800 start ups.

Grosse annee de levees de fonds par les startup francaises : +68% en euros. Le nombre de deals entre 20 et 50 ME a double. 4 mega rounds superieurs a 100ME. Au total pres de 800 start up ont leve des fonds. Bravo a toute la Frenchtech. @Bpifrance @LaFrenchTech
— Nicolas Dufourcq (@NicolasDufourcq) 22 décembre 2018

témoignages

Marie, étudiante à l'Essec J’ai toujours eu envie de créer quelque chose. Et je n’arrive pas à m’impliquer dans quelque chose qui ne me motive pas vraiment. J’aurai eu du mal à faire des tâches répétitives dans un cadre trop rigide. Il faut ajouter à cela que mon père et mon grand père sont entrepreneurs. J’ai donc songé à devenir entrepreneure, et me suis décidée quand j’étais en licence de gestion à Dauphine. Ayant ce projet en tête, j’ai postulé au mastère de management de Dauphine, mais je n’ai pas été prise, malgré mes bonnes notes… J’ai alors décidé de faire une école de commerce. J’ai choisi l’Essec, qui était, avec l’EM Lyon, l’école la plus tournée vers la création d’entreprise, avec des incubateurs, un bon réseau d’anciens… Mais à l’Essec, les profs recommandaient de ne pas créer son entreprise à la sortie de l’école, et plutôt d’attendre d’avoir de l’expérience. Mes camarades de promotion, qui se voyaient proposer des salaires de 5.000 à 10.000 euros par mois dans la finance, trouvaient aussi cela suicidaire, et aucun ne voulait se lancer dans une start up. Mais je pense au contraire que prendre ce risque quand on a 30 ans, et qu’on est déjà installé est bien plus difficile. Certes, j’ai eu quelques moments de doute, mais je ne me suis pas découragé, et j’ai créé ma strat up avec un ami rencontré durant mes études. Le plus difficile est bien sûr de tenir sans revenus au début. J’ai emprunté 60.000 euros qui me permettent de payer une partie de ma scolarité à l’Essec, et de vivre en attendant que le chiffre d’affaires rentre. Grâce à un accord entre l’Essec et la banque, j’ai pu bénéficier d’un taux d’intérêt quasi-nul. Mais je me suis mis une certaine pression sur les épaules. Pour les levées de fonds, être diplômée d’une école prestigieuse est un atout. Les fonds d’investissement accordent une grande importance à vos diplômes, ressemblant en cela à une entreprise classique. En revanche, les start ups elles-mêmes sont beaucoup moins élitistes dans leur recrutement, et ouvertes à des diplômes moins prestigieux. Car ce qui compte pour une start up, ce n’est pas le diplôme, mais l’état d’esprit, la capacité d’adaptation, d’avoir des idées et de se mettre à la place du client. Et il n’y a pas de strates hiérarchiques entre le dirigeant et l’employé de base. Dans ce sens, les start up sont un véritable catalyseur social et rebattent clairement les cartes. C’est vrai qu’il y a indéniablement actuellement une mode des start ups. Tout le monde pense que c’est facile d’en créer et de devenir millionnaire. Et cela bien que l’immense majorité des starts up échouent. Mais cette effervescence est transitoire et va se tasser naturellement avec la consolidation autour de quelques grosses start us. Quant à moi, si jamais mon projet échoue, mon expérience pourra toujours être valorisée auprès d’autres start ups, et donc de décrocher des postes plus intéressants.

Antoine, étudiant à l'Essca
Avec mon ami Yochan qui étudie à l’Edhec, nous voulons créer un site collaboratif pour mettre les gens en relation dans le secteur culturel et artistique: musique, danse, cinéma, événementiel, tatouage… Par exemple, mettre en relation des directeurs de casting avec des comédiens, des compositeurs de musique avec des paroliers, des réalisateurs avec des techniciens freelance, etc. Le site permettra aux créateurs de montrer directement leur travail, sans intermédiaire (agents, etc). Le site sera financé en prélevant une commission d’environ 5% sur chaque prestation, et en faisant payer les annonces des directeurs de casting. Nous souhaitons lever 60 à 70.000 euros pour lancer le site. Nous avons déjà créé un groupe Facebook, et précédemment un autre site de vente de mode.
Les start ups créent de l’emploi, permettent d’être créatif et polyvalent. Les jeunes veulent aujourd’hui de plus en plus être libres, et ont de moins en moins envie d’être encadrés, ou formatés pour l’entreprise...
Les start ups permettent de redistribuer un peu les cartes. C’est ouvert à n’importe qui, quelque soit son milieu social. Certes, financer sa start up est plus facile si vous venez d’une famille aisée, ou d’une grande école prestigieuse. Mais il y a les aides publiques des collectivités, les incubateurs… qui sont réparties de manière équitable.
L’image des start ups dans les médias est positive, alors qu’en réalité 85% des projets échouent. Mais ça n’est pas grave, car les échecs et les erreurs permettent aussi d’apprendre. Et dans mon école de commerce, on prévient les élèves de ce fort taux d’échec, et on nous explique bien comment y échapper.

Jamal Henni