Tech&Co
Tech

Les smartphones Huawei victimes d'un redoutable effet domino mondial

Plusieurs géants japonais et britanniques des télécoms ont annoncé qu'ils allaient couper pour l'heure leur lien avec le fabricant chinois de smartphones.

Plusieurs géants japonais et britanniques des télécoms ont annoncé qu'ils allaient couper pour l'heure leur lien avec le fabricant chinois de smartphones. - Fred Dufour-AFP

La décision américaine de placer Huawei sur liste noire provoque un effet domino. La liste des groupes ayant décidé de prendre leur distance avec le constructeur chinois de smartphones s'allonge: Google, des opérateurs japonais et britanniques et les industriels nippons Panasonic et Toshiba.

Huawei fait face à un redoutable effet domino mondial. Le géant japonais de l'électronique Panasonic a rejoint jeudi la liste des groupes qui ont annoncé couper tout ou partie de leurs liens avec le fabricant chinois de smartphones.

Cette "prise de distance" de Panasonic fait suite à l'annonce dimanche 19 mai de Google: le géant américain a fait savoir que son logiciel Android diffusé sous licence, qui équipe l'immense majorité des téléphones dans le monde, n'équiperait plus les futurs smartphones du chinois.

Panasonic va quant à lui cesser de fournir des composants, sans préciser lesquels, à Huawei et ses 68 sociétés affiliées soumises à l'interdiction du gouvernement américain. Il s'agit des produits fabriqués complètement ou partiellement aux États-Unis, mais leur volume est faible et l'impact sur l'activité de la compagnie sera limité, a précisé une source proche du groupe. Panasonic s'est refusé à donner de détails sur les autres transactions avec Huawei qui ne sont, elles, pas affectées par la mesure américaine de sanction.

Un délai de 90 jours accordé à Huawei par Washington

La nouvelle de la prise de distance de Panasonic vis-à-vis de l'industriel chinois est tombée au lendemain de l'annonce de quatre grands opérateurs nippons et britanniques de suspendre la commercialisation de nouveaux modèles Huawei, ces smartphones pouvant perdre une grande partie de leur intérêt sans l'apport de technologies américaines.

Le japonais Toshiba va pour sa part "suspendre" temporairement ses livraisons à Huawei, le temps de procéder aux vérifications nécessaires, selon un porte-parole. "Nous les reprendrons au cas par cas quand nous aurons confirmé que nos produits n'utilisent pas de pièces produites sur le sol américain", selon un porte-parole, parlant là aussi "d'impact peu important".

Le président Donald Trump a décidé la semaine dernière de bannir les exportations de produits technologiques américains vers certaines entreprises jugées "à risque", franchissant une nouvelle étape dans l'offensive tous azimuts engagée contre la Chine.

Un délai de 90 jours a certes été accordé par Washington à l'industriel chinois avant que la sanction ne s'applique mais plusieurs groupes ont préféré prendre les devants face aux incertitudes planant désormais sur les smartphones Huawei.

Deux opérateurs mobiles anglais temporisent sur la 5G

Hier, mercredi 22 mai, les opérateurs nippons KDDI et SoftBank Corp avaient dit reporter le lancement de nouveaux modèles. Le pionnier NTT Docomo a également indiqué "stopper les commandes" d'un téléphone Huawei qu'il prévoyait de lancer cet été.

Mais ses déboires ne se cantonnent pas au Japon. Huawei a également subi une déconvenue au Royaume-Uni: les opérateurs mobiles EE et Vodafone ont exclu les smartphones Huawei compatibles 5G de leurs précommandes en amont du lancement de leurs réseaux respectifs dans les semaines à venir.

La commercialisation ne reprendra pas "jusqu'à ce que nous ayons l'assurance à long terme que nos consommateurs qui achètent ces produits seront soutenus tout au long de la durée de vie de l'appareil", a affirmé le directeur général d'EE, Marc Allera. Un porte-parole de Vodafone a expliqué qu'il s'agissait d'"une mesure temporaire tant que des incertitudes entourent les nouveaux modèles 5G de Huawei".

Le britannique ARM pourrait s'ajouter à la liste

Pourrait s'ajouter à la liste le britannique ARM. Le groupe, qui conçoit des semi-conducteurs utilisés par l'ensemble de l'industrie des télécoms, pourrait lui aussi cesser de travailler avec le géant chinois, selon la BBC se basant sur des documents internes à l'entreprise.

"Il est difficile d'évaluer précisément à ce stade l'ampleur de l'impact de l'interdiction américaine sur l'activité de Huawei", a commenté Hiroyuki Kubota, analyste financier indépendant spécialiste des tensions commerciales sino-américaines. "Mais ce qui est clair, c'est que ses ventes vont être affectées négativement".

Toutefois, "si Huawei accélère le développement de son propre système d'exploitation, vu la taille conséquente du marché chinois", il pourrait s'en sortir, souligne-t-il, à la différence des fabricants japonais de smartphones qui ont été balayés par la vague Apple.

Frédéric Bergé avec AFP