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Le Mexique continue d'utiliser massivement Pegasus pour espionner les opposants politiques

Alors que le gouvernement affirmait vouloir mettre fin à ces pratiques illégales, le Mexique est devenu le plus important utilisateur de Pegasus dans le monde.

Près de deux ans après les révélations du Projet Pegasus, par un consortium international de journalistes, le logiciel espion continue de faire parler de lui notamment au Mexique. Le pays serait le plus gros utilisateur de Pegasus dans le monde, révèle une enquête du New York Times.

Basée sur des entretiens, des documents et des téléphones piratés, l'enquête montre que des transactions secrètes ont été menées entre Israël et le Mexique. Sur cette base, le quotidien américain démontre que, depuis les premiers contrats signés en 2011, le Mexique continue d'utiliser illégalement, et en masse, cette technologie pour espionner des opposants, des civils, des défenseurs des droits de l'Homme, des militants anti-corruption et des journalistes.

Il a aussi été utilisé pour lutter contre la criminalité, en contribuant au démantèlement de réseaux de maltraitance d'enfants et pour arrêter des barons de la drogue comme le célèbre El Chapo.

Pour rappel, Pegasus est un logiciel espion, qui s'infiltre dans les téléphones. Il peut infecter un portable en toute discrétion et extraire tout ce qu'il contient: e-mail, SMS, photo, calendrier. Il peut enregistrer chaque action, même lorsque l'utilisateur à recours à des applications chiffrées, regarder via l'appareil photo du téléphone ou écouter via le micro, même si l'appareil est éteint.

Des fausses promesses

Malgré des premiers signaux d'alertes dès 2017 concernant une utilisation abusive du logiciel par le Mexique, Israël n'a pas ordonné la fin de son usage. Plus problématique encore, selon les informations du New York Times, le Mexique est le pays qui a le plus ciblé des téléphones portables que n'importe quelle agence gouvernementale dans le monde.

En 2018, le président Andrés Manuel López Obrador, alors fraîchement élu, avait promis de mettre fin à l'espionnage illégal. Mais rien ne s'est passé. L'année dernière, Pegasus a infiltré les téléphones portables des deux principaux défenseurs des droits humains du pays.

Au centre de tout ce processus illégal: l'armée mexicaine. Elle serait la seule entité du pays qui exploite actuellement Pegasus. Interrogé par le quotidien américain, le ministère mexicain de la Défense a déclaré qu'il suivait la position du gouvernement: la collecte de renseignements ne vise "en aucun cas" à envahir la vie privée de personnalités politiques, civiques et médiatiques.

En octobre dernier, au Mexique, alors que les téléphones d'un journaliste, d'un chroniqueur et d'un militant auraient été infectés par Pegasus, le président avait nié toute allégations affirmant que son gouvernement a espionné ces opposants.

Margaux Vulliet