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Le gendarme de la Bourse américaine ne veut plus qu'Elon Musk dirige Tesla

Le patron de Tesla, Elon Musk, veut lancer des taxis autonomes dès 2020.

Le patron de Tesla, Elon Musk, veut lancer des taxis autonomes dès 2020. - PETER PARKS / AFP

Poursuivi pour fraude par la SEC pour un tweet, Elon Musk est acculé mais garde (pour le moment) la confiance des actionnaires de Tesla.

Encore un coup dur pour le médiatique patron de Tesla Elon Musk: le gendarme boursier américain a décidé jeudi 27 septembre de le poursuivre en justice, l'accusant d'avoir trompé les investisseurs en évoquant un retrait de la Bourse dans un tweet.

Dans sa plainte déposée jeudi, la SEC demande que le patron du groupe automobile ne dirige plus d'entreprise cotée en Bourse. 

Elon Musk a rapidement réagi, niant ces accusations:

"Cette action injustifiée de la SEC m'attriste profondément et me déçoit. J'ai toujours agi dans le meilleur intérêt de la vérité, de la transparence et des investisseurs. L'intégrité est la valeur la plus importante de ma vie et les faits démontreront que je n'ai jamais compromis cela d'aucune manière", a expliqué dans un communiqué l'homme d'affaires de 47 ans.

De leur côté, l'entreprise Tesla et son conseil d'administration ont exprimé dans un communiqué leur "confiance totale" en Elon Musk, "son intégrité et son "leadership".

L'annonce de ces poursuites a fait dégringoler le cours du titre Tesla à Wall Street. Vendredi matin à l'ouverture, l'action perdait 11%. 

Un tweet dans le collimateur

Le fantasque milliardaire avait créé la stupeur avec un tweet le 7 août, affirmant qu'il voulait retirer son groupe de la Bourse, lorsque l'action atteindrait 420 dollars. 

Ce prix valorisait alors Tesla à plus de 71 milliards de dollars et aurait requis au moins 50 milliards de financements si Elon Musk gardait sa participation de 20%. Le titre du constructeur de voitures électriques haut de gamme avait bondi à 379,57 dollars dans la foulée. Il avait ajouté que le financement était "sécurisé" pour effectuer cette opération et avait dit quelques jours plus tard être en discussions avec notamment le fonds souverain saoudien pour financer l'opération. En fait, il n'en était rien, estime aujourd'hui la SEC.

Des déclarations trompeuses

Le groupe avait finalement abandonné cette idée quelque temps après et l'action avait perdu jusqu'à 30% de sa valeur. "Les déclarations de M. Musk ont trompé les investisseurs en faisant croire qu'il était quasiment certain de pouvoir retirer Tesla de la Bourse au prix de 420 dollars l'action", a affirmé Stephanie Avakian, de la SEC, lors d'une conférence de presse.

"En réalité, au moment de ses déclarations, M. Musk n'avait pas assuré de financement. (...). Au contraire, (...) il n'avait même pas discuté les éléments les plus importants de la transaction, notamment le prix, avec la moindre source possible de financement", a-t-elle accusé.

La SEC souhaite donc que la justice reconnaisse qu'il a "commis une fraude boursière", lui interdise de recommencer dans l'avenir, inflige des amendes et confiscation de tous gains indus et une interdiction de diriger un groupe coté, a aussi détaillé Stephanie Avakian.

"Ces affirmations trompeuses ont créé d'importante perturbations sur le marché dans les minutes qui ont suivi le tweet", a ajouté son collègue, Steven Peikin, estimant que cela avait fait du tort aux investisseurs.

La SEC a aussi relevé dans sa plainte que, selon un mail interne envoyé par Elon Musk au conseil d'administration, il avait arrondi le prix à 420 dollars parce que c'était un code désignant la consommation de cannabis et que sa compagne "trouverait ça marrant".

"Ni la célébrité, ni la réputation d'être un innovateur technologique" ne permettent de s'affranchir des règles, a asséné Stephanie Avakian en conférence de presse.

Selon le Wall Street Journal, la SEC et Elon Musk s'étaient pourtant mis d'accord sur un règlement amiable pour éviter les poursuites, avant que les avocats du milliardaire n'appellent l'agence au dernier moment pour signifier qu'ils avaient changé d'avis.

Cannabis et whisky

Ce tweet boursier vaut déjà à Tesla et à son patron des poursuites de la part d'investisseurs estimant avoir été trompés, tandis que le ministère de la Justice a aussi décidé d'enquêter pénalement. Elon Musk est un habitué des polémiques et des déclarations fracassantes sur Twitter, son moyen de communication préféré.

D'autres tweets, d'une toute autre nature, lui valent des ennuis judiciaires: il est poursuivi en justice pour diffamation après avoir traité de pédophile un spéléologue britannique qui avait aidé au sauvetage d'enfants thaïlandais coincés dans une grotte cet été.

En août, Elon Musk avait révélé son état d'intense fatigue et de stress lors d'un entretien au New York Times. Début septembre, il s'était fait remarquer avec un entretien télévisé déjanté, buvant du whisky et fumant du cannabis. Autant d'éléments de nature à renforcer les doutes de certains analystes sur son équilibre mental et sa capacité à diriger Tesla qui, par ailleurs, perd beaucoup d'argent.

F.B. avec AFP