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L'ONU s'inquiète de l'autorisation des messages haineux contre les Russes par Facebook

Une femme devant le logo de Facebook

Une femme devant le logo de Facebook - OLIVIER DOULIERY © 2019 AFP

Facebook et Instagram autorisent dans certains pays des appels à la violence visant les Russes, mais aussi des appels au meurtre visant Vladimir Poutine.

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme s'est inquiété vendredi de l'annonce de Meta, la maison-mère de Facebook et Instagram, de faire des exceptions à son règlement en ne supprimant pas des messages hostiles à l'armée et aux dirigeants russes.

"C'est très clairement un sujet très, très complexe, mais qui soulève des inquiétudes en matière de droits de l'homme et de droit humanitaire international", a expliqué Elizabeth Throssel, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, lors d'un briefing de presse à Genève.

Meta a annoncé jeudi faire des exceptions à son règlement sur l'incitation à la violence et à la haine en ne supprimant pas des messages hostiles à l'armée et aux dirigeants russes. Dans les faits, et dans certains pays de l'Est dont l'Ukraine et la Russie, Facebook autorise les messages violents visant les Russes, ainsi que les appels au meurtre visant Vladimir Poutine.

Crainte d'une haine anti-russe

"Compte tenu de l'invasion en cours de l'Ukraine, nous avons fait pour les personnes touchées par la guerre une exception temporaire pour exprimer des sentiments envers les forces armées envahissantes tels que 'mort aux envahisseurs russes'. Il s'agit de mesures temporaires destinées à préserver la voix et l'expression des personnes qui font face à l'invasion. Comme toujours, nous interdisons les appels à la violence contre les Russes en dehors du contexte étroit de l'invasion actuelle" précise Facebook à BFMTV.

Le flou qui entoure cette annonce "pourrait certainement contribuer à des discours haineux dirigés contre des Russes en général", a expliqué Mme Throssel, insistant que "cela serait très inquiétant".

Elle a indiqué que le Haut Commissariat allait parler avec Meta pour avoir des précisions.

"Nous allons les encourager (les équipes de Meta, ndlr) à regarder de plus près les dégâts qui pourraient accompagner ce changement de politique", a précisé la porte-parole, tout en reconnaissant que le sujet demandait à être examiné de plus près en raison de la complexité des concepts juridiques entourant notamment la liberté d'expression et le contexte particulier d'un conflit.

Ainsi, il est possible "que dans un conflit en cours, appeler à la violence contre ceux qui sont directement engagés dans les hostilité pourrait ne pas être prohibé", a-t-elle laissé entendre, estimant que cela demandait une analyse plus approfondie du Haut Commissariat et aussi plus d'informations de la part du géant des réseaux sociaux.

Ce 11 mars, les autorités russes ont annoncé des poursuites visant Meta, pour "appel aux meurtres". Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, Facebook est difficilement accessible en Russie, en raison d'un blocage décidé par le gouvernement.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably avec AFP Rédacteur en chef adjoint Tech & Co