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Pourquoi Sam Altman, nouvelle star de la Silicon Valley, a-t-il été mis à la porte d'OpenAI?

Devenu la tête d’affiche de la startup à l'origine de ChatGPT, il a pourtant été brutalement licencié vendredi.

C’est le genre de coup de tonnerre que connaît rarement la Silicon Valley. Vendredi, OpenAI a annoncé le départ de son patron Sam Altman. À 38 ans, l’homme était pourtant la nouvelle figure de la tech, le nouveau Mark Zuckerberg ou le nouveau Steve Jobs, celui qui a bousculé les plus grosses entreprises mondiales avec un outil révolutionnaire: ChatGPT.

C'était il y a un an et Sam Altman bouillonnait d'idées. Tout s'est donc arrêté net. Et son éviction est d’autant plus surprenante qu’elle s’est concrétisée en quelques heures, comme le raconte sur Twitter Greg Brockman, le numéro 2 d'OpenAI qui a démissionné dans la foulée.

Un SMS jeudi soir pour une réunion en ligne le lendemain où le Conseil d'Administration acte le renvoi d'Altman pour un motif intrigant: un manque de franchise dans sa communication.

Renier ses valeurs

Alors toute la Silicon Valley bruisse et murmure le nom de celui qui a acté le départ: Ilya Sutskever, un des cofondateurs et Chief Scientist d'OpenAI. Il fait partie du petit groupe qui s'est réuni dans un hôtel chic des hauteurs californiennes, en juin 2015, pour lancer le grand projet OpenAI. Autour de la table, on retrouve d'ailleurs Elon Musk, qui en claquera la porte en 2018.

A l'origine, le but est principalement de contrer Google, déjà en avance sur l'intelligence artificielle: sur ce sujet majeur, OpenAI sera un contre-pouvoir et surtout il sera open-source, c'est-à-dire disponible pour tous et à but non lucratif. L'idée se veut clairement humaniste et non financière, une manière de ne pas laisser l'IA à une entreprise toute-puissante.

Mais en 2018, Sam Altman va décider de transformer l'entreprise, qui demande énormément d'argent pour ses recherches. L'entreprise devient la maison-mère d'une filiale à but lucratif "limité". Derrière cette dénomination, un statut très intéressant pour les investisseurs qui s'y engouffrent, à commencer par Microsoft. Les millions coulent à flot mais pour certains cofondateurs comme Ilya Sutskever, c'est une renonciation des valeurs premières et idéalistes.

Bras de fer

C'est probablement ce virage financier que paye aujourd'hui Altman. L'homme n’est pas un ingénieur, mais un découvreur de talents. Pendant des années, ce petit génie des affaires était à la tête du plus gros incubateur de startup de San Francisco, Y Combinator.

Selon des sources de Bloomberg, la précipitation de Sam Altman à multiplier les offres commerciales pour ChatGPT a largement crispé une partie du Conseil d'Administration, peut-être plus consciente des risques potentiels que représente l'intelligence artificielle. De la même manière, Sam Altman s'appuyait sur son nom et sur celui d'OpenAI pour tenter de lever des fonds et créer des sociétés avec une ligne directrice éloignée de l'entreprise et sa volonté de protéger l'humanité des dérives technologies. Ilya Sutskever, avec qui il était en froid depuis plusieurs mois, a visiblement réussi à obtenir son départ.

Sam Altman s'en remettra probablement. Quant à OpenAI, l'entreprise affronte sa première crise d'ampleur.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business