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Pour la patronne de Google DeepMind, "il y a vraiment une spécificité française en IA"

Alors qu'Emmanuel Macron a appelé à investir dans l'IA en France pour faire jeu égal avec les Etats-Unis et la Chine, Joëlle Barral, directrice de Google DeepMind, salue le savoir-faire français.

Un centre de recherche en intelligence artificielle ouvert à Paris, des progrès fulgurants en jeu vidéo pour l'unité DeepMind, l'IA Gemini qui fait des siennes tout en montrant ses avancées, et désormais un texte européen encadrant l'usage de l'IA à avoir à l'esprit: la période est loin d'être de tout repos pour Joëlle Barral, directrice de la recherche en IA chez Google DeepMind.

Si l'IA n'est pas nouvelle chez Google, la question est devenue centrale depuis quelques années, que ce soit pour le moteur de recherche, la photo, l'assistant vocal ou désormais le robot conversationnel, ex-Bard renommé Gemini. "Nous avons des équipes qui ont grossi de manière organique sur le côté recherche, notamment depuis cinq ans, et on a commencé à prendre de la place", confie-t-elle à Tech&Co alors que Google inaugure son hub parisien qui regroupe toutes les équipes de recherche fondamentales françaises en IA.

"Il y a en France un écosystème naissant"

Partout, pour tout faire: l'IA est désormais un sujet clé et Google veut en être l'une des portes d'entrée pour les institutions, les entreprises, les universitaires et les chercheurs notamment. "C'est un vaste sujet en France, parce que l'IA va toucher énormément de personnes", rappelle Joëlle Barral. "C'est déjà dans notre poche, ça nous aide à trouver notre chemin... à plein de choses du quotidien."

Joëlle Barral, directrice de la recherche en IA chez Google DeepMind
Joëlle Barral, directrice de la recherche en IA chez Google DeepMind © Joelle Barral

"Il y a en France un écosystème naissant avec tous les éléments du puzzle, plus de 500.000 chercheurs dans nos laboratoires publics et privés, des startups spécialisés de la French Tech comme Mistral, de grands labos installés à Paris comme Meta ou Google qui ont le savoir-faire et impactent par leurs produits des millions, voire des milliards d'utilisateurs", ajoute-t-elle.

Pour elle, tout cela fait de Paris "un lieu très particulier pour l'IA". Un carrefour de talents, d'envies et de chercheurs de pointe dans le domaine avec des centres d'expertise et des unités de recherche fortes: la France aurait toutes les armes, selon la responsable de DeepMind, pour briller sur la scène internationale. Ce n'est sans doute pas sans raison que ce 13 mars, un rapport a été remis au président de la République avec 25 recommandations pour faire de la France un "acteur majeur" de l'IA. Emmanuel Macron a appelé à investir massivement en la matière pour jouer des coudes avec les ténors mondiaux, dans les pas de Mistral notamment.

Pour Joëlle Barral, cela ne devrait être qu'une formalité. "Les Français ont une culture mathématique reconnue dans le monde entier", justifie-t-elle. "Et vous trouvez énormément de Français de par le monde qui ont été formés ici, qui ont une valeur scientifique mondialement reconnue. Il y a vraiment une spécificité française en IA."

Des talents à foison, mais qui sont souvent appelés sous d'autres cieux plus cléments. C'est aussi cette fuite que la France cherche à endiguer. L'investissement d'un géant comme Google au coeur de l'écosystème ne peut être qu'un signe favorable en appelant d'autres.

Melinda Davan-Soulas